Valérie raconte son avortement clandestin

"Elle me dit : 'Surtout, ne criez pas. Il ne faut pas alerter les gens autour.'" Valérie a avorté clandestinement. C'était en 1965, avant la légalisation de l'IVG. Elle raconte comment ça s'est passé.

“Les avorteuses risquaient jusqu’à 30 ans de prison”


“C'était dans la pénombre. Elle avait une salle à manger avec une grande toile cirée.
Elle avait mis des draps. Tout était dans la clandestinité la plus totale. Elle me rappelle ce qu'elle risque. Elle me dit : “Soyez stoïque, vous ne criez pas, je vais vous poser une sonde.” Effectivement, c'est hyper douloureux”
. C'était en 1975. Valérie avait à peine 17 ans lorsqu’elle a dû avorter de manière clandestine, alors qu’en France l’IVG était encore interdit. À l’époque, “les femmes se débrouillaient comme elles pouvaient, où c'était chaque mois l'angoisse” précise la jeune femme. Les “avorteuses”, ces femmes qui réalisaient les avortements, risquaient des peines de prison, “qui pouvait aller jusqu’à 20 à 30 ans”.
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Valérie se souvient d’un moment difficile et d’un manque d’informations lors de l’opération : “Elle m'a dit “je vous explique”, mais c'était succinct comme explication, “on va vous poser une sonde, vous allez la garder un certain temps. Vous allez repartir avec, et quand vous commencerez à saigner, vous pourrez enlever votre sonde”. Ça s'est passé dans une relation froide… Culpabilisante. Et puis surtout, je ne savais pas exactement ce que je risquais. Parce que ça, elle ne me l'avait pas dit. Et en fait, ce que j'ai su après, c'est qu'on risquait une septicémie. C'est aussi pour ça que pas mal de femmes, soit devenaient stériles après un avortement, soit mourraient. Je suis restée très longtemps avec cette peur-là de ne pas pouvoir être enceinte après, jusqu'à temps que j’aie ma première fille”.
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