Voir des forêts sous la mer

Imaginez une forêt… sous la mer. Ce paysage fantastique est pourtant bien réel : ce sont les forêts de kelps. Pour Brut, Victor Rault, navigateur et réalisateur, raconte leur importance et leur évolution.

Qu’est ce que les forêts de kelps ? 


Les forêts de kelps sont un écosystème très peu connu, mais pourtant très important pour le fonctionnement de la planète. Celles-ci ont les mêmes rôles écologiques et les mêmes structures que les forêts terrestres. Elles ne sont pas composées d'arbres mais d'algues nommées la Macrocystis pyrifera. Elles sont visibles depuis la surface grâce à leur couleur brune. Elles poussent à la verticale sur des fonds rocheux jusqu'à 30 mètres de profondeur. Une fois qu'elles se retrouvent en surface, elles continuent leur développement, mais cette fois-ci à l'horizontale. Ces forêts se trouvent en Patagonie, aux Malouines, mais aussi un petit peu partout à travers le monde, sur le littoral des océans polaires et tempérés. 

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Pour Alyssa Adler, biologiste marine, ces forêts sont aussi précieuses pour les animaux, qui adorent ces habitats. “Ils peuvent utiliser les forêts de kelps au stade juvénile, comme habitat spécial avant qu'ils ne soient assez grands et courageux pour rejoindre l'océan. Beaucoup d'animaux utilisent les forêts de kelps comme lieu sécurisé pour pondre leurs œufs, afin qu'ils aient une meilleure chance de survivre jusqu'au stade larvaire. Et c'est la même chose pour les forêts terrestres. Les animaux vont utiliser cette forêt, les oiseaux pour nicher... Les prédateurs utilisent également ce système parce qu'ils savent qu'ils y trouveront des proies.” 

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La fascination de Charles Darwin pour les forêts de kelps


Il y a 200 ans, le naturaliste Charles Darwin, était déjà fasciné par ces forêts de kelps et avait déjà très bien compris le rôle essentiel qu'elles jouent pour la biodiversité. Victor Rault, navigateur, réalisateur et créateur de l’expédition Captain Darwin a suivi ses pas pour comprendre comment 200 ans plus tard, cet environnement a-t-il pu être impacté. <il a donc refait à la voile le tour du monde de Charles Darwin. “Darwin décrivait les espèces dans les forêts de kelps à son époque. Donc on peut l’évaluer en regardant si ces espèces existent encore aujourd'hui. C’est le cas et c’est déjà une bonne nouvelle.” Alyssa Adler explique qu’en “termes de séquestration du carbone, le kelp joue un rôle considérable. À travers la photosynthèse, les kelps fixent le carbone. Il joue également le rôle de système tampon pour limiter l'érosion du littoral.

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La deuxième chose, c'est que Charles Darwin naviguait sur un bateau qui s'appelait le HMS Beagle et dont la mission était de faire de la cartographie marine. Et sur les anciennes cartes marines, et sur les cartes marines actuelles aussi d'ailleurs, l'extension des forêts de kelps est notée avec précision, car ces forêts révèlent la présence de hauts-fonds rocheux.  

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Pour voir cette évolution, Victor Rault s’est emparé des anciennes cartes marines du début du 19 ème siècle pour y superposer de l'imagerie satellite actuelle où l’on voit de manière très visible les forêts de kelps. Pour la région de la Patagonie et des Malouines, les scientifiques ont remarqué que cette extension n'avait quasiment pas bougé, ce qui est une excellente nouvelle. Victor Rault précise que malheureusement, ce constat n'est pas valable partout dans le monde. “En fait, les forêts de kelps sont quand même impactées négativement par l'activité humaine. Par exemple, dans les années 2010, il y a eu un recul de 95 % des forêts de kelps du nord de la Californie suite à une vague de réchauffement océanique. Il y a déjà les solutions qu'on pourrait appeler locales. Ça va être la régulation de certaines activités polluantes comme la pêche industrielle, ça va être aussi la mise en place d'aires protégées comme ce qu'ils sont en train de faire aux Malouines. Et puis il y a aussi, bien sûr, les solutions globales, qui concernent tout le monde. Et ça, ça va être par exemple la lutte contre le dérèglement climatique ou encore la consommation responsable.” 

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