Des journalistes poursuivent les enquêtes de leurs confrères assassinés

Ils voulaient informer le monde sur ceux qui menacent l'environnement. Ils ont été menacés, emprisonnés ou tués. 40 journalistes ont pris la relève et poursuivent les enquêtes inachevées de leurs confrères assassinés : c'est le projet Green Blood.

Forbidden Stories : aider les journalistes environnementaux qui risquent leur vie


Brut a rencontré Laurent Richard, fondateur de Forbidden Stories. Avec des journalistes du monde entier, la plate-forme poursuit le travail d’enquêteurs menacés.


Entre 2009 et 2019, dans le monde, au moins 13 journalistes environnementaux ont été tués. Beaucoup d’entre eux enquêtaient sur l’extraction minière. Laurent Richard, fondateur de Forbidden Stories, fait le point.


« Beaucoup de journalistes sont menacés, emprisonnés, tués »


Être journaliste et enquêter sur l’environnement, c’est pas seulement photographier les ours polaires, c’est aussi se confronter à des pouvoirs locaux extrêmement dangereux, parfois extrêmement corrompus, à des entreprises opaques qui peuvent menacer juridiquement, judiciairement, même physiquement des journalistes. Beaucoup de journalistes sont menacés, sont emprisonnés, sont tués parce qu’ils voulaient dénoncer un scandale environnemental qui nous concerne tous. 


Les enquêtes sur l’industrie minière sont toujours très risquées et très dangereuses, parce que l’industrie minière est l’un des secteurs les plus opaques au monde. On a découvert qu’un journaliste en Inde avait été brûlé vif alors qu’il enquêtait sur le trafic de sable. Un journaliste au Guatemala a été poursuivi par les autorités car il a enquêté sur la pollution d’un lac par une entreprise de nickel. D’autres journalistes, en Tanzanie, ont été forcés à l’exil parce qu’ils ont enquêté sur le business de l’or, sur une mine d’or dans le nord de la Tanzanie.


Aucune réponse des multinationales de la Silicon Valley


L’impact de ce type d’activités est énorme, et, s’il n’est pas surveillé de près, c’est une catastrophe. Pas seulement pour les populations locales, mais aussi pour nous, parce que tout ce qui se passe à l’autre bout du monde, dès l’instant où ça touche l’environnement, c’est un sujet qui doit nous concerner et qui nous concerne dans notre quotidien. Parce que ce sable, il finit en France. Cet or, on l’a dans nos téléphones portables. Et le nickel sert dans de nombreux produits de consommation.


On a donc décidé, avec Forbidden Stories et avec une quarantaine de journalistes basés dans une trentaine de pays, de poursuivre ce travail-là, d’aller enquêter dans ces pays-là et de publier ces informations. On vit dans une époque où des entreprises prétendent être extrêmement vertes et responsables. Mais souvent, quand on enquête, on se rend compte que la réalité est très différente. Et quand on demande des réponses à ces multinationales de la Silicon Valley, très souvent, on n’a aucune réponse, voire des menaces judiciaires.


On sait qu’il y une urgence environnementale, on sait qu’on doit trouver une solution, on sait que ça doit passer par nos politiques et notre action quotidienne. Mais sans information, on ne peut pas prendre de décision.


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Brut.