Méga-bassines agricoles : pour ou contre ?

Les méga-bassines sont-elles une aberration écologique ou une bonne idée face aux sécheresses ? On a posé les mêmes questions à un maraîcher bio et à un éleveur de vaches laitières. L'un est contre, l'autre est pour. Voici leurs arguments.

C’est quoi, les méga-bassines agricoles ?


Opposant militants écologistes et industries, les méga-bassines sont des réservoirs d’eau à utilité des agriculteurs lors des périodes faibles en eau, voire de sécheresse, notamment l’été. David Paillat, agriculteur-éleveur de vaches laitières est raccordé à la réserve de substitution de Sainte-Soline. “Ici, pour nourrir les vaches, on utilise à peu près 60000 m3 d’eau par an. L’eau, elle provient aujourd’hui de la réserve qui a été créée l’année dernière. Elle a été pompée au moment où elle est la plus abondante et elle va nous permettre de constituer nos stocks de nourriture pour l’année, c’est ça qui donne l’autonomie fourragère de l’exploitation et donc, sans eau, aujourd'hui, on serait incapables d’enchaîner comme ça des cultures sur les mêmes surfaces, il nous faudrait beaucoup plus de surface pour nourrir de façon un peu hypothétique nos animaux”, explique-t-il.

Comment l'agriculture française doit s'adapter aux sécheresses


Qui finance les méga bassines ?


Olivier Drouineau, maraîcher bio, est opposé à ces bassines de gestion d'eau. “Ce n’est que pour quelques agriculteurs, surtout des céréaliers qui vont arroser du maïs sur les plaines, qui demande beaucoup d’eau. Pourquoi 5-6 agriculteurs auraient le droit de se garder cette eau-là? Et aussi, ce que je n’accepte pas, c’est que c’est subventionné à 70% par l’État. Ça veut dire que c’est toi, moi et tous les citoyens.”

Les insecticides tueurs d'abeilles réautorisés, un danger pour la biodiversité


Pourquoi être contre les méga bassines ?


Les opposants craignent que cette pratique assèche les nappes phréatiques. “À la bassine de Sainte-Soline, on a un maraîcher qui se trouve à quelques mètres de cette réserve d’eau où ils puisent de l’eau à 9 mètres de profondeur dans une rivière souterraine et ce qu’on a peur, c’est qu’ils l’assèchent, car leur système fait qu’ils pompent de l’eau dans les réserves de novembre jusqu’à mars et que nous, après, on prend quand même de l’eau de mars jusqu’à septembre. Est-ce qu’on aura assez d’eau pour pouvoir arroser nos légumes? Est-ce qu’on aura l’autorisation aussi d’avoir de l’eau?”, questionne Olivier Drouineau.

Les paysans français s'investissent pour la planète


“Il n’y a pas très longtemps que le projet des réservoirs de substitution a vu le jour, mais c’est l’aboutissement d’une grande démarche qu’on a entreprise dès les années 1990”, ajoute David Paillat. Ce projet résout, selon lui, une partie des problèmes de gestion d'eau en cas de sécheresse. “On a des problèmes de ressources en eau l’été, on a de l’eau qui tombe quand même en hiver dans des sols qui ne retiennent pas l’eau du tout, c’est-à-dire que 48 heures après des grosses pluies, l’eau est rendue dans les nappes et quand elles sont en débordement à ce moment-là, pour nous, c’était logique de dire : on va pomper de l’eau à ce moment-là où elle est plus abondante et la stocker pour les moments où, en fait, on en a vraiment besoin.”

À 92 ans, Maurice est un pionnier du bio et il travaille encore

Ma liste

list-iconAjouter à ma liste
avatar
Brut.