Option "compensation carbone" d'un vol, info ou intox ?

Quand on réserve un vol, de nombreuses compagnies proposent de payer un peu plus cher pour financer un programme environnemental ou compenser l'impact de son vol. Mais que devient cet argent et est-ce vraiment écologique ? On a posé la question à BonPote, vulgarisateur scientifique.

C’est incorrect de dire j’ai pris l’avion et j’ai payé une compensation carbone en plantant des arbres”

Lors de la réservation d’un vol, certaines compagnies aériennes proposent de payer plus cher afin de financer un programme environnemental, voire de “compenser” l’impact du vol. Concrètement, que devient cet argent ? Et est-ce vraiment écolo ? Thomas Wagner, aka BonPote, vulgarisateur scientifique nous éclaire.

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Maintenant, les gens commencent vraiment à savoir que prendre l’avion égal vraiment pas terrible pour le climat. Donc ça permet une sorte de compensation morale. Il y a plusieurs options : reforestation, reforestation et carburant d’aviation durable, etc. A partir du moment où vous plantez une arbre, ce dernier va mettre un certain temps à pousser. Il va plus absorber du CO2 au milieu de sa vie plutôt qu’au début de sa vie. Donc en fait l’arbre va absorber bien plus tard vos émissions. Donc c’est pas possible de dire j’ai pris l’avion et j’ai payé une compensation carbone en plantant des arbres. C’est pas juste en tous cas de le dire sur le plan physique” explique Thomas Wagner, créateur du compte BonPote.


Seuls “0.1 % des vols marchent au SAF”

Planter ou préserver des arbres, c’est l’option qui revient le plus souvent. Lufthansa, KLM et Transavia, Ryanair, Qatar Airways, Brussels Airlines, Easyjet… Elle est proposée par 7 des 12 compagnies que nous avons testées, souvent à côté d’autres projets de compensation. Sur ce point, Lufthansa nous a répondu par mail : “le respect des économies d'émissions de CO2 est assuré par des certifications fortes (Gold Standard ou Plan Vivo).” KLM met aussi en avant ce label indépendant Gold Standard, “accordé aux projets qui sont les plus efficaces”.

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L’achat de SAF (Substainable Aviation Fuel) aussi appelé Carburant d’aviation durable est une option proposée par 6 des 12 compagnies testées : Lufthansa, KLM et Transavia, Brussels Airlines, Vueling, Air France. Ces carburants sont issus de déchets végétaux ou d’huiles végétales usagées par exemple. AirFrance-KLM indique qu’ils permettent une réduction d’émissions d’au moins 75 % par rapport au kérosène classique. “Il faut faire attention aux ordres de grandeur. Aujourd’hui c’est 0.1 % des vols qui marchent au SAF. Donc c’est vraiment très très peu” commente le créateur du compte BonPote. Mais aujourd’hui, ils doivent être mélangés avec le kérosène notamment pour des questions de sécurité et représentent le plus souvent une part très faible des pleins. Lufthansa et Air France-KLM pointent une production encore très limitée et un coût “4 à 8 fois plus élevé”.

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Les compagnies prévoient une augmentation du nombre de vols

Lufthansa nous a indiqué qu’environ 3 % de leurs passagers payaient une participation environnementale et espérait grimper à 5 % d’ici fin 2023. Plusieurs compagnies nous ont répondu qu’en parallèle de ces options facultatives pour leurs clients, elles se sont fixées l’objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050 grâce à différentes mesures de réduction et de compensation de leurs émissions. “Il y a trois grandes solutions pour décarboner l’aviation : l'efficacité des vols en premier. C’est déjà le cas, les avions consomment beaucoup moins qu’avant. La seconde solution, c’est de remplacer le kérosène par ce type de carburant. Et la troisième solution, et ça c’est le plus gros levier qui n’est pas du tout actionné, c’est la baisse de la demande donc la baisse du nombre de vols d’avion. Or aujourd’hui, toutes les compagnies prévoient une augmentation du nombre de vols en avion” explique Thomas Wagner qui ajoute : “L’avion n’est pris que par 10 % de la population mondiale. Or il faut bien peut-être prioriser les usages. Est-ce qu’on va vraiment compenser des émissions d’avions ou des émissions d’autres industries donc on aurait peut être beaucoup plus besoin ?” 

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