3 clichés sur les noirs que Jean-Pascal Zadi a vécus

"Je suis un putain de Normand de ouf, j'adore le camembert, j'ai regardé Intervilles quand j'étais jeune." L'acteur et réalisateur de "Tout simplement noir" Jean-Pascal Zadi raconte les clichés qu'il a vécus.

Jean-Pascal Zadi démonte trois clichés sur les Noirs


Brut a rencontré l’acteur et réalisateur à l’occasion de la sortie de son film, « Tout simplement noir ».


Les Noirs sont incultes, les Noirs sont sympas, les Noirs viennent de banlieue… Tous ces stéréotypes racistes, Jean-Pascal Zadi a dû y faire face. Pour Brut, il raconte.


Les noirs viennent de banlieue


Je ne viens pas de banlieue. Je suis née en banlieue, mais j’ai grandi dans un petit village à côté de Caen qui s’appelle Ifs. Je suis un putain de Normand de ouf ! J’adore le camembert, j’ai regardé Intervilles quand j’étais jeune. Et c’est pas que j’aime pas les banlieues – parce que j’allais en vacances à Sarcelles, à Bondy quand j’étais jeune – mais le fait d’arriver comme ça, on te dit : « T’es de quelle banlieue ? », c’est comme si on te mettait directement dans une case.


Les Noirs ne lisent pas


Il n’y a pas très longtemps, j’étais dans le 17ème, je marchais dans la rue, je cherchais l’adresse d’un pote. Je divaguais un peu, je cherchais vraiment le chemin. Et finalement, je trouve ce chemin. Lorsque j’arrive chez mon pote, c’était un studio de mix. Quelqu’un tape à la porte et me dit : « Vous pouvez sortir s’il vous plaît ? »


Je regarde le monsieur, je demande : « Mais pourquoi ? » Le mec sort sa carte de police et me dit : « Sortez s’il vous plaît. » Je sors, contrôle de police, palpations… Je dis : « Mais pourquoi vous me contrôlez ? » Ils me disent : « Parce que t’avais un itinéraire bizarre. »


Le Noir ne peut pas se promener dans le 17ème tranquillement. Faut qu’il sache où il va. Lors de ce contrôle, j’avais des livres sur moi parce que j’adore Boris Vian. C’était l’époque où je lisais tous les trucs de Boris Vian. Le keuf me palpe, et dans ma poche, il trouve un livre de Boris Vian. Il me regarde, il regarde ses collègues et il dit : « Bah, il lit celui-là ? »


Les Noirs sont gentils


Souvent, quand tu discutes avec des gens, ils te disent : « Les Arabes on les aime pas trop, mais vous les Noirs ça va, vous êtes vraiment gentils. » Ça, c’est un truc un peu énervant. Mais je me suis rendu compte que ça venait des clichés, de l’époque coloniale. « Y’a bon banania », le Noir qui sourit, le Noir qui est gentil tout ça. Au point que finalement, même dans mon comportement, et sur l’affiche du film, j’hésitais à sourire. J’avais pas envie de véhiculer l’image du Noir « Y’a bon banania ».


C’est-à-dire qu’en tant que Noir, quand tu arrives, il faut que tu sois gentil, il faut que tu rigoles. Je ne revendique pas le droit à être con, à être méchant. C’est normal d’être gentil et bienveillant envers les gens. Mais le Noir gentil, ça m’agace un peu parce que ça nous enferme dans un truc un peu enfantin, un peu jovial. Ça me restreint dans mon comportement. Parfois, j’ai envie de rire avec des gens, mais je ne peux pas. J’ai envie de rigoler mais je ne rigole pas, je fais le renoi vénère. Juste pour mettre la mauvaise ambiance.


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