À quoi servent les caméras-piétons des policiers ?

Emmanuel Macron a annoncé la généralisation des caméras-piétons pour les policiers. Mais à quoi ça sert, concrètement ?

C’est quoi, les caméras-piétons des policiers ?


Leur utilisation – ou absence d’utilisation – est de plus en plus présente dans le débat public, notamment depuis la mort de Cédric Chouviat. Mais c’est quoi, exactement ?


À quoi ça sert ?


Elles servent à fournir des preuves des infractions. « L'enregistrement audiovisuel d'une situation va permettre, dans une phase judiciaire, de corroborer les déclarations des policiers », indique Romain Garric, commissaire de police à Soissons.


Les caméras-piétons sont censées prévenir les incidents au cours des interventions. « Quand on informe les gens qu'ils sont filmés, on a remarqué que ça fait baisser les tensions », ajoute un autre policier. « Je pense que si on est constamment filmés lors des arrestations, les policiers feront peut-être plus attention à ce qu'ils disent et ce qu'ils font », estime pour sa part Ariles Fertal, étudiant.


Comment ça marche ?


En France, le dispositif se fixe sur le torse ou sur le ventre de l'agent. « Pour l'allumer, c'est facile, deux coups de pression. Une fois que ça filme, je dois en informer l'usager », explique un agent de sécurité de la RATP.


« On ne voit pas l'arme, puisqu'elle est placée en-dessous, au niveau ventral. L'arme étant placée au-dessus. Mais on voit bien la scène dans la direction de laquelle on pointe et on peut être amené à tirer », poursuit un autre policier.


Les agents décident eux-mêmes de l'activer. « Lorsque, durant la manifestation, le besoin s'en fait sentir, qu'on sent que ça monte en pression, on peut déclencher la caméra, ou recevoir un ordre, lorsqu'on est dans le cadre d'un maintien de l'ordre, par exemple », détaille le policier. De retour au poste, les images sont déchargées et conservées six mois.


Depuis quand existent-elles en France ?


Expérimentées dès 2013, elles équipent d'abord la police nationale et la gendarmerie. « La présence de la caméra contribue à la désescalade des tensions. Elle constitue, en outre, un élément de preuve irréfutable sur les conditions d'intervention lorsque celles-ci sont remises en cause par les usagers », affirme Manuel Valls Ancien, alors ministre de l'Intérieur, 2013.


Son usage est étendu à la police municipale en juin 2016. En avril 2018, 10.400 caméras-piétons fabriquées en Chine sont achetées pour plus de 2 millions d'euros. Puis, en 2019, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner impose la caméra-piéton aux policiers équipés de LBD.


Quels problèmes posent-elles ?


Les policiers ne les utilisent pas systématiquement. Par exemple, lors de l'interpellation de Cédric Chouviat, la caméra du policier qui la portait n'était pas allumée. « Le temps que je branche ma caméra aurait nécessité que je quitte des yeux le contrôle qui se déroulait, et je voulais rester attentif à la situation », argue l’un des policiers mis en cause.


Une policière, elle aussi présente, a filmé l’interpellation avec son téléphone personnel. « On ne l'utilise jamais, je ne sais pas m'en servir et je ne l'ai jamais utilisée », a ajouté un autre agent présent. Des documents internes à la police nationale font également état de défaillances techniques des caméras. Faible durée des batteries, mauvaise prise de vue, fixation peu pratique ou défectueuse… Certains policiers embarquent alors leur propre caméra GoPro.


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