Brut a retrouvé Mohssen Oukassi, le héros d'Aubervilliers

Quand son immeuble a pris feu, il n'a pas hésité à porter secours à ses voisins, sauvant de nombreuses vies. 5 ans plus tard il n'a qu'un seul rêve, devenir pompier. Brut a retrouvé le "héros d'Aubervilliers" Mohssen Oukassi.

Brut a retrouvé Mohssen Oukassi, le héros d’Aubervilliers


En 2014, il a sauvé plusieurs personnes des flammes au péril de sa vie. Après six ans d’attente, Mohssen a finalement obtenu un titre de séjour valable 10 ans.


« Les voisins se rappellent toujours de moi, ils m’appellent : “Oui, ça va le héros ?” Ça fait trop de bien au moral. Et parfois, je retrouve les petits que j’ai sauvés en train de jouer… Franchement, je suis fier de ce que j’ai fait. » Nous sommes en 2014. Un violent incendie se déclenche dans un immeuble d’Aubervilliers. Mohssen Oukassi a alors 26 ans et habite au cinquième étage. Il décide d’aider ses voisins à évacuer l’immeuble.


« Je suis descendu pour voir l’origine du feu. Je me suis dit qu'il fallait rester calme, qu'on allait tous se sauver par l’échafaudage. », témoigne le jeune homme en 2014. Après six ans d’attente, Mohssen a finalement obtenu un titre de séjour valable 10 ans. Il espère bientôt être naturalisé pour devenir pompier. Brut l’a rencontré.


« J’ai senti le feu sur mon visage, sur mes bras »


Au deuxième étage, le tube de gaz a éclaté sur moi. Après, j’ai senti le feu sur mon visage, sur mes bras, et à partir de cet instant, j’ai compris que ce n’était pas un petit incendie, mais que c’était un gros incendie, parce que j’ai commencé à voir que tout le monde criait. Beaucoup de voisins ont été bloqués chez eux, et le feu a pris dans tout le couloir. J’ai vu des voisins coincés dans le bâtiment, ils n’ont pas trouvé de solution, et ils ont commencé à sauter du cinquième étage. J’ai vu deux femmes sauter devant moi. Elles sont mortes. 


Franchement, je ne pouvais pas penser, il n’y avait rien. Je n’ai pas l’habitude de voir du feu, de voir des gens en train de mourir, des gens qui hurlent, qui crient. Et le feu, vous ne savez pas d’où il va sortir. Ça a été un peu la guerre, quoi. Ils m’ont dit que j’avais fait un acte noble, et qu’ils allaient me donner les papiers, que j’allais avoir un travail, une vie normale.


« Je me suis retrouvé dans un centre pour les gens qui prennent du crack »


Le maire est venu, il a discuté avec moi, il m’a dit : « Ne vous inquiétez pas, vous allez avoir vos papiers, on va régler votre situation. Il ne faut pas avoir peur, vous avez fait un bon geste. Ne vous inquiétez pas. » Je croyais qu’ils allaient me ramener en Tunisie, parce que je n’avais pas de papiers.


Je me suis retrouvé dans un centre dans le XXIVe arrondissement, un centre pour des gens malades qui ne sont pas dans le même cas que moi, des gens qui prennent du crack. Là-bas, il y a des morts tous les jours. J’ai attendu quatre ans avant d’avoir un logement. Et j’ai travaillé : j’ai amené mes fiches de paie, j’ai amené mon salaire, je donnais tout. Et je payais des impôts. Dès que je suis sorti de ce centre, tout a changé. 


Je suis vivant, j’avance, j’ai eu ma carte et mon logement, j’ai fait ma formation, j’ai un bon travail, j’aime le boulot que je fais. Si tout va bien, peut-être que dans deux ou trois ans je pourrai porter le costume de pompier.


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