Comment la société perçoit la nudité – Brut philo

“Je trouve très réducteur d’associer la nudité à la sexualité.” BRUT PHILO. Comment un corps nu est perçu aujourd’hui dans notre société ? C’est ce dont nous parle la philosophe Margaux Cassan qui a vécu dans des villages naturistes et écrit sur le sujet dans son livre Vivre nu.

La nudité (nous) protège de toute une série de fantasmes associés aux vêtements“


Le naturisme, a toujours été une contre-culture, quelles que soient les époques, mais peut-être qu'aujourd'hui, avec la société des écrans, il est une contre-culture un peu différemment parce que, ce qu'il a de particulier, c'est que souvent, dans les villages naturistes, il n'y a pas de téléphones, évidemment, on n'a pas le droit de filmer, de prendre des photos a des autres corps, donc les écrans ne sont pas présents, et que c'est une façon d'envisager son corps qui n'est pas celle de la culture du regard, alors que sur les réseaux sociaux, vous pouvez effectivement exposer votre corps, mais vous êtes toujours objet du regard des autres”. Margaux Cassan est philosophe. Elle vient de publier chez Grasset le livre “Vivre nu”, qui parle des communautés naturistes.

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Selon elle, “la nudité vous protège de toute une série de fantasmes qui seraient associés à vos vêtements et donc au désir de transgression qui consisterait, chez l'autre, à chercher comment vous déshabiller. Il y a une forme de provocation naturelle qui vous rend, en fait, plus fort, puisqu'une fois que vous êtes nu, surtout quand vous êtes une femme, ce que vous dites aux autres, c'est que vous retirez toute possibilité de créer un désir de transgression, et souvent, le désir lui-même naît de la transgression”. Des hommes avec des seins, ou dont le sexe disparaît sous le ventre… “Il y a vraiment un truc dans la diversité des corps qui, je pense, vous apaise par rapport à vos propres corps et complexes, et qui surtout lisse la distinction très binaire qu'on fait dans la société entre les hommes et les femmes” affirme Margaux Cassan.

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Le naturisme est différent du nudisme


Dans le monde textile, les femmes sont beaucoup plus objets de commentaires. Et ceux-là portent essentiellement sur des aspects physiques et souvent sur la façon dont elles s'habillent. Et je pense que quand on explique aux femmes qu'elles se couvrent trop ou au contraire qu'elles se découvrent trop, en fait, on a le même discours qui sont deux faces d'une même pièce, qui est de considérer la femme comme un pur objet et souvent un objet de a commentaires malvenus” explique la philosophe. La naturisme permet de faire sauter ces filtres. Elle rappelle qu’il est important de bien distinguer le naturisme du nudisme. “Le nudisme, c'est juste être nu. Donc, par exemple, si vous vous mettez sur une plage tout nu et que vous vous huilez le corps avec la seule intention d'être vu et désiré, vous faites du nudisme. Dans le naturisme, la nudité existe évidemment, mais elle est presque secondaire dans un mode de vie, qui passe par certaines valeurs, la tolérance, la pratique de la médecine douce, du yoga, du végétarisme. Donc c'est tout ça, le naturisme”. 

Ils ont voyagé nus


Le naturisme est une philosophie. “On parle de philosophie de la liberté et d’égalité. Quand on fréquente les villages naturistes, la valeur première qui ressort, c’est l'égalité au sens où, votre corps est en fait très peu visible dans la foule. Donc il y a une expérience quasi communiste dans le naturisme. Parce que la liberté, c'est souvent une liberté individuelle, alors que le naturisme, c’est une communauté donc c'est une nudité de groupe. Dans les villages naturistes, il y a une particularité très importante mais assez flagrante, c'est que les gens ne se définissent jamais par le travail. Donc en fait, vous pouvez passer un mois dans un village naturiste comme vos amis que vous considérez comme vos amis sans savoir du tout ce qu'ils font le reste de l’année”.


Le naturisme défend un modèle social, où il y a une égalité entre les genres, une égalité entre les classes, parce que quand on déshabille le bourgeois, en fait, il n'a plus le vêtement qui fait autorité, qui le différencie et donc qui le distingue. Il n'y a pas de corps parfait non plus, il n’y a pas de culte du corps ni de discipline de soi dans le naturisme. Le naturisme, c'est également une utopie. Donc il y a un côté Robinson Crusoé, mais il y a aussi un côté Club Med et colonie, où quand vous quittez ces villages pour revenir au monde réel, souvent, vous avez la larme à l’oeil” conclut l’experte en philosophie.

Le sexe à l'heure des réseaux sociaux - BRUT PHILO

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