Estelle s'entraîne à "mourir", sa vie d'apprentie cascadeuse

"On arrive sur un tournage. Tu ne sais pas pourquoi mais tu dois te faire péter la gueule." Elle s'entraine à "mourir", à être percutée par une voiture, à tomber dans les escaliers… bref elle s'entraîne à être cascadeuse. Estelle est élève au Campus Univers Cascades.

Le documentaire “Cascadeuses”, disponible sur Arte

La chaîne franco-allemande Arte consacre un reportage “Cascadeuses” qui suit le parcours de trois femmes cascadeuses confirmées ou en voie de le devenir et questionne la “représentation de la violence sexiste sur les écrans”, selon Arte. Le documentaire est réalisé par Elena Avdija. Parmi l’une de ces trois cascadeuses, on trouve Estelle, cascadeuse au Campus Univers Cascades, une école dans les Hauts-de-France. 

C'est mon métier : cascadeur


Dans le cadre de sa formation, Estelle s'entraîne à “mourir”. Pourtant, elle était loin de se douter un jour que ce serait son métier. Elle grandit à la campagne. Dans sa scolarité, elle suit un parcours plutôt classique de “bonne élève” puis effectue une prépa pour entrer en école d’ingénieurs. Elle y ressort diplômée en tant qu’ingénieur en agroalimentaire. Et puis, le parkour se présente sur son chemin. “Il y a cinq ans, j'ai découvert le parkour. Et mon coach, il fait de la cascade un peu cinéma, et un jour, ils cherchaient des gens qui faisaient du parkour sur Alice Nevers, et il me dit : ‘Estelle, est-ce que ça t'intéresse?’. Il y a des copines qui faisaient de la cascade et qui m'ont dit: ‘Mais franchement, fais une école de cascade’. 

Leur métier : cascadeurs


“C’est plus de la performance”

Pour elle, se faire frapper ou réaliser une chute dans son métier devant la caméra est une performance. “Par exemple, sur la chute de hauteur au campus, t'as peur, mais en fait, si tu ne le fais pas, mais c'est hyper frustrant, quoi. Tu serais trop déçue. T'as un peu ce côté stress, mais une fois que tu l'as fait, que c'est passé, que tu ne t'es pas fait mal, tu as tellement ce soulagement, moi, c'est vraiment ce moment-là que je préfère. C’est de l’insouciance, une vie où on y va. Ça ne nous apportera rien, tu vois, de sauter de 70 mètres. Mais à l'intérieur de nous, c'est kiffant”, explique Estelle. 


Une autre cascadeuse explique que depuis qu’elle a commencé à travailler dans le monde de la cascade, depuis un peu plus d’un an, elle ne joue que des cascades qui l’obligent à “mourir” ou prendre des coups. “Pour l'instant, moi, je ne sais pas, on ne m'a jamais appelée pour me battre avec des gens. Je pense que la vie, pour les femmes est plus dure, en général, que pour les hommes, et c'est ce qui se reflète au cinéma”. 

Échange avec Brad Pitt et sa doublure cascade David Leitch


La cascade, un monde à part

Dans ce reportage, Estelle explique notamment que le monde artistique et le monde en entreprise sont totalement différents. “En entreprise, la première question, c'est: ‘dans quoi tu te vois comme poste dans trois ans, cinq ans, dix ans ?’ Même parfois on va jusqu'à vingt ans entretien d'embauche. Et là, dans le monde artistique, les gens, ils ne savent pas ce qu'ils vont faire dans un mois. T'es toujours entre les deux. La cascade, c'est les montagnes russes. Et puis, tu as toute la société qui te met la pression sur ‘Tu vas avoir 30 ans’, ‘T'es pas mariée’, ‘T'as pas de maison’, ‘Et les enfants, est-ce que tu y penses?’, et finalement, tu as toutes ces problématiques qui te font cogiter un petit peu”, ajoute Estelle. 


Pour cette autre cascadeuse, peu de personnes dans le métier sont parents. “Enfin, moi, je suis arrivée ici, j'étais la seule maman. Pour récupérer d'un accouchement et d'une grossesse, il faut du temps et donc tu as quand même une grosse pause dans ta vie, et après ça, il faut récupérer des muscles, de la tonicité…

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