Son homosexualité des années 50 à aujourd'h

"Un médecin avait dit à mes parents qu'il y avait des moyens de guérir de cette maladie." De la répression à la dépénalisation jusqu'au mariage pour tous, Benard raconte comment il a vécu son homosexualité en France, des années 50 à nos jours. Retrouvez son témoignage dans le documentaire "Homos en France" réalisé par Aurélia Perreau et diffusé ce soir sur France 2.

“Je ne veux pas être ça, je veux guérir."


Bernard raconte comment il a vécu en France son homosexualité des années 1950 à aujourd'hui dans le documentaire Homos en France, réalisé par Aurélia Perreau et diffusé sur France 2. Il explique qu’à l’époque, être homosexuel n’est pas quelque chose de bien. À l’école, il se sent exclu, différent, parce qu’il préfère jouer avec le Meccano, à la poupée et aux marionnettes plutôt que de jouer à la guerre, aux Indiens et aux cow-boys. “Je me faisais tabasser par mes petits camarades. Cette situation-là devenait insupportable, donc je l'ai dit à mes parents. Un médecin leur avait dit qu'il y avait des moyens de guérir cette maladie. Donc moi, je suis rentré à fond là-dedans. J'ai dit à mes parents : ‘Je ne veux pas être ça, je veux guérir.’

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Il commence alors un traitement hormonal chez le médecin, composé d’hormones hommes. Mais il tombe en dépression. “Je pensais que le meilleur moyen de ne plus souffrir, c'était d'arrêter de vivre. Ça a duré jusqu'à pratiquement l'armée. Là, effectivement, c'était clair qu'on parlait des homosexuels, mais il n'y en avait pas, ça n'existait pas. C'était vraiment une minorité de la minorité, c'est-à-dire que c'étaient des malades. Il y avait une émission qui passait à la télévision, où je me souviens d'un certain docteur Lamoureux ou je ne sais pas quoi. Il avait eu des paroles très, très dures au niveau des homosexuels comme quoi, c'étaient des malades, c'étaient des pervers. À la limite, fallait rallumer les bûchers.” explique Bernard.

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Les années 1970, l’homosexualité considérée comme un fléau


À cette époque, il commence à assumer son orientation sexuelle, en se rendant dans les cinémas pornographiques gays de Paris. “J'avais 25 ans, je longeais les murs pour aller au cinéma. Je faisais très attention parce qu'on pouvait être ramassé par les flics. Parce qu'ils rentraient dans le cinéma. Ils faisaient une rafle. On fichait tous les pédés. Il y a eu l’'expérience d'un de mes copains, à l'époque, qui s'était fait ramasser au bois de Vincennes, parce qu'il était tombé sur un bellâtre en short qui carrément le draguait, et ça s'est révélé être un flic.

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Les années 1980, “le cancer gay


En 1981, Mitterrand est élu et va faire passer plusieurs lois progressistes, dont la dépénalisation de l'homosexualité. Mais, sous son septennat, l'épidémie de Sida se développe également. À cette époque, Bernard a 31 ans. Deux ans plus tard, il explique qu’il ne se passait pas un mois sans qu’il se rende à un enterrement. “C'était monstrueux, l'attitude des gens, du commun des mortels par rapport à cette maladie. Il faut dire qu'on ne serrait pas la main quand on allait à l'hôpital voir ses copains. Les soignants étaient sous scaphandres parce qu'on avait peur d'attraper cette maladie, mais qui était, en plus de ça, très marginalisée parce qu'on disait que c’était le cancer gay. Donc là, ça a été la coupure nette par rapport à la situation qu'on avait vécue avant.


Puis, le mouvement d’Act Up oblige les gouvernements à prendre en considération que la maladie ne touche pas uniquement les personnes homosexuelles. “À partir du moment où ça commençait à attaquer les hétéros, là, les gouvernants ont dit:’'ll faut faire quelque chose’”.

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Vivre pleine son homosexualité


Il explique avoir pleinement vécu son homosexualité après les années Sida. “Là, c'était formidable. Enfin, j'étais un ballon d'oxygène. Le fait d'être soi par rapport aux autres, c'est un bien énorme. Faut passer par là pour comprendre ça. C'est en même temps la même période où je rencontre mon bonhomme. On se marie quelques années après. Pratiquement dès que le mariage a été instauré pour les homosexuels, on y a été. Le tout, c'est qu'on ait les mêmes droits que le quidam, que n'importe qui. En tant qu'homosexuels, on ne l'avait pas encore, malgré le Pacs. Donc on s'est mariés uniquement pour avoir les mêmes droits que le citoyen commun.”

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