Affaire Duhamel : l'interview de Camille Kouchner

"La libération de la parole, c’est super mais c’est le début du chemin." Dans son livre "La Familia grande", elle raconte comment l’inceste a brisé sa famille. Pour Brut, Camille Kouchner réagit à l’onde de choc qu’elle a provoquée dans la société française.

Camille Kouchner s’exprime


Début janvier, Camille Kouchner publiait son livre-témoignage, “La familia Grande”, dans lequel elle accuse son beau-père Olivier Duhamel d’avoir commis des actes d’incestes sur son frère jumeau pendant leur enfance. Après plusieurs semaines de polémiques et de réactions autour de cet ouvrage, elle s’exprime aujourd’hui pour Brut.


La libération de la parole, “seulement le début du chemin”


Camille Kouchner souhaite rappeler que le fait de s’exprimer est un pas, mais ce n’est que le début. Par ailleurs, elle affirme que le mouvement de libération de la parole est aussi vécu comme un événement violent pour de nombreuses victimes, qui, confrontées aux témoignages, sont contraintes de revivre leurs propres histoires. “Je veux qu’ils sachent que je sais que c’est difficile en ce moment”, dit-elle. Elle invite les personnes concernées à se tourner vers des associations, à avoir recours à un avocat si il est encore possible de porter plainte. Elle ajoute : “Il ne faut pas rester seul, le moins possible.


Le témoignage de l’inceste, quand l’intime devient public


Dire des choses de ce qu’il se passe à l’intérieur de la sphère privée et le dire à l’extérieur, c’est quelque chose d’extrêmement culpabilisant, d’extrêmement effrayant et puis même d’une tristesse…”, affirme Camille Kouchner.
Elle explique son rapport ambigu à l’amour familial, qui malgré les crises, subsiste. La confiance aussi, parfois, ne disparaît pas complètement, malgré un sentiment de trahison présent sur certains aspects.


Je crois qu’il y a un mouvement de prise de conscience aujourd'hui, que ce qu’il se passe à l'intérieur de la sphère privée peut aussi être une question qui est régulée par l’action publique”, explique-t-elle. Camille Kouchner considère qu’il est important d’observer parfois l’intérieur des familles, sans porter atteinte à l’intime, afin de protéger les plus faibles.


Éric Dupont-Moretti, garde des Sceaux, souhaite instaurer un seuil de non-consentement à 18 ans, afin d’agir sur le fléau de l’inceste. Un souhait partagé par Camille Kouchner, qui affirme en parlant de son frère "Ça l’aiderait beaucoup”.


Le mouvement #MeToo et le contexte social favorable aux témoignages


Camille Kouchner explique que pendant des années, l’emprise ainsi que la présence de sa mère l’empêchaient de s’exprimer. Ces derniers temps,impactée par le mouvement #MeToo, ainsi que par d’autres témoignages comme le livre de Vanessa Springora, Le consentement, elle a senti qu’elle pouvait parler, enfin. “Tout ce mouvement-là me donne beaucoup d'espoir sur la prise de conscience, de la nécessaire protection, non seulement des enfants mais aussi des femmes, mais aussi de tous les gens qui ont moins voix au chapitre que les autres.


J’ai compris que mes peurs étaient plus violentes que ce qui se passait dans la réalité”, conclut-elle.


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