Infirmier anesthésiste, Eric raconte ses difficultés, au quotidien

Sous-effectif, manque de moyens, violences contre le personnel hospitalier… Eric est infirmier anesthésiste. Il raconte ses difficultés, au quotidien.

Infirmier anesthésiste, Eric raconte ses difficultés au quotidien


Infirmier anesthésiste, Eric manifestait avec les fonctionnaires dans les rues de Paris le 9 mai 2019. Brut l'a rencontré. Il a expliqué pourquoi c'était important pour lui de manifester.


"Dans les hôpitaux, on n'en peut plus. Les gens, les soignants n'en peuvent plus." C'est ce qu'explique Eric, infirmier anesthésiste, qui manifestait dans les rues de Paris avec d'autres fonctionnaires du service public ce jeudi 9 mai. Eric travaille à l'hôpital Henri Mondor de Créteil et est délégué syndical Sud Santé. Il a raconté à Brut ses difficultés au quotidien…


"Quand vont-ils stopper cette casse du service public ? Un infirmier qui sort de l'école et qui rentre à l'hôpital, il va toucher 1480 euros net mensuels. Moi, je suis infirmier spécialisé en anesthésie, il me faut quatre semestres supplémentaires pour être spécialisé en anesthésie. Je sors de l'école, je gagne 1900 euros alors que j'ai la responsabilité du patient que je suis en train d'endormir. On est dans une échelle qui est complètement tronquée et qui est complètement leurrée parce qu'on nous dit: "Oui, mais vous, vous êtes des fonctionnaires, vous êtes des nantis, vous êtes protégés par le service public." C'est pas vrai !" explique Eric.


Eric, qui travaille en tant qu'infirmier anesthèsiste, fait également référence aux infirmiers qui travaillent dans les services d'urgence : "Les infirmiers qui sont aux urgences, ils ont des responsabilités parce que quand vous avez quelqu'un qui arrive aux urgences, c'est violent les urgences. On ne se rend pas compte mais c'est le reflet de notre société. C'est pas anodin que depuis des années maintenant, le nombre de faits de violence envers les personnels soignants, ne cesse d'augmenter. Parce qu'encore une fois, quand vous, vous arrivez en tant que patient ou accompagnant de quelqu'un de votre famille aux urgences et qu'on vous laisse poireauter pendant 4 heures, maintenant pendant 6 heures, ou voire même plus, bien sûr que vous êtes énervé. Bien sûr que vous êtes stressé, bien sûr que vous êtes en colère et cette colère, vous la traduisez comment ? En étant violent avec le personnel. Et parce que le personnel, comme il est en sous-effectif et que lui-même subit des pressions et subit des violences, on se retrouve avec une confrontation de violences. On est en sous-effectif constant dans tous les services de soins, que ça soit pour prendre en charge les bébés, pour prendre en charge les adultes, pour prendre en charge les petits, pour prendre en charge les personnes âgées… Il manque des effectifs partout.


Eric prend en exemple l'hôpital Henri Mondor de Créteil, où il travaille. Là-bas, pour que le personnel soignant pouisse travailler dignement, il manque 20 infirmiers et 20 aides-soignants : "On ne nous donne plus les moyens de soigner. L'hôpital français, en l'occurrence l'AP-HP, on ne lui donne pas les moyens de s'exprimer. Moi, je loge à Créteil, j'habite Créteil. J'ai besoin d'un hôpital qui réponde, si j'en ai, à mes problèmes cardiaques, à mes problèmes digestifs, à mes problèmes vasculaires, à mes problèmes d'urologie, à mes problèmes neurologiques, si j'en ai, et à mes problèmes cardiaques. J'ai besoin d'un hôpital qui réponde à ces missions-là." déplore Eric.


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