L'addiction en prison

Sylvain et Montgomery sont incarcérés au centre de détention de Neuvic. Ils ont choisi d'intégrer l'Urud, l'unité de réhabilitation des usagers de drogues. Brut les a rencontrés.

Sylvain et Montgomery, incarcérés dans une Unité de réhabilitation pour usagers de drogues


Les résidents doivent intégrer l’unité de leur plein gré. Avec un objectif : vouloir traiter leur addiction.


« C’était plus possible. Ma mère me disait que j’allais mourir un jour, parce que je me cachetonais la gueule, je prenais de la drogue, je prenais de l’alcool. Je ne voyais pas ça comme un problème. Mais je finissais à l’hôpital, ou dans un caniveau. Quand je suis arrivé ici, la cheffe m’a dit : “Toi, ta place, c'est à l’Urud.” J’étais un légume. » Sylvain, 30 ans, est incarcéré au centre de détention de Neuvic, en Dordogne. Il a intégré une unité spécialisée dans le traitement des addictions, l'Urud (Unité de réhabilitation pour usagers de drogues).


Créée en juin 2017, cette unité est unique en France. Les résidents doivent l'intégrer de leur plein gré. Avec un objectif : vouloir traiter leur addiction. Chaque semaine, ils sont suivis par un médecin addictologue, une psychologue, des infirmiers, des éducateurs spécialisés et des surveillants. Sylvain et Montgomery, résidents, racontent.


« Je suis passé à quatre litres d’alcool fort par jour »


Depuis tout petit, Montgomery a des problèmes d’impulsivité. « Dans mon enfance, j’ai été battu. À peu près à partir de 11 ans, j’ai commencé à boire un petit peu, puis c’est passé à deux litres d’alcool fort par jour. En 2008, je suis passé à quatre litres d’alcool fort par jour. Je travaillais, et travailler en sentant l’alcool et en titubant, c’est pas cool. Pour être vraiment au taquet, je prenais de la coke en même temps », se souvient-il. Après une soirée alcoolisée et une énième bagarre, Montgomery se retrouve en prison.


« Se retrouver pour travailler sur les émotions »


Dans cette unité, les détenus sont « en quartiers ouverts », explique Laure Chardonneret, éducatrice spécialisée et coordinatrice de l'Urud. Les 15 cellules sont ouvertes, et personne n’est enfermé toute la journée. « Les journées sont divisées en différents temps. On a une salle collective, où on peut se retrouver pour travailler sur les émotions, sur la consommation, sur ses actions », détaille la coordinatrice.


Il y a plusieurs règles à l'Urud, dont celle de ne pas consommer de produit psychotrope, quel qu’il soit. Seul le tabac est accepté. « Ce que je trouve un peu difficile en prison, c’est que le cannabis est omniprésent. Toute personne est susceptible d’en vendre. Vous avez juste à dire, à travers la fenêtre, que vous avez besoin d’un petit bout de shit, et quelqu’un vous répondra. Il peut arriver que le soir, dans les cellules, il y ait des consommations », affirme Laure Chardonneret.


« On est tous entre nous, solidaires… »


Avant d'arriver à l'Urud, Montgomery était dans un autre bâtiment de la prison. « J’avais un voisin de cellule qui distillait de l’alcool tous les soirs. Il y avait des vapeurs d’alcool, et l’odeur, tout ça, qui venaient dans ma cellule, et ça me donnait vachement envie. Alors j’ai décidé d’intégrer l’Urud pour ne plus avoir ce produit à côté de moi et éviter de rechuter » Tous les résidents de l'Urud ont décidé d’intégrer cette unité pour guérir de leurs addictions. « On est tous entre nous, solidaires… Si quelqu’un a envie de consommer, on va le voir. On essaie de lui remonter le moral », assure Montgomery.


Après son incarcération, il souhaite continuer son suivi avec des addictologues. « L’Urud, c’est bien, mais à la sortie, il y a des tentations. Il va me falloir un suivi soit toutes les semaines, soit toutes les deux semaines pour continuer le travail que je fais sur moi. Mon but, c’est l’abstinence. Même une bière ou quoi que ce soit, je ne veux plus. » Sylvain se montre quant à lui plus optimiste. « Je me sens beaucoup mieux et heureux, et je suis content d’être venu à l’Urud, ça m’a fait comprendre que j’étais vraiment pas bien avant. Ma famille, les pauvres, ce qu’ils ont dû endurer avec moi… Je ne m’en rendais pas compte. »


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