La vie de Makan, travailleur clandestin

"On n'est pas venus ici pour prendre des photos de la tour Eiffel mais pour bosser." Il a traversé la Méditerranée et depuis 2018, il cumule deux boulots. Makan est travailleur clandestin, et sa vie en France pour subvenir aux besoins de sa famille restée au Mali, elle ressemble à ça.

“Premier de corvée”

Arte consacre un documentaire “Premier de corvée” sur le quotidien de Makan, 35 ans, un travailleur clandestin malien. Dans ce reportage, il raconte son quotidien entièrement dédié à ses deux emplois - l’un dans une brasserie près des Champs-Elysées et l’autre en tant que livreur à vélo - mais aussi la difficulté d’être sans-papiers. “On n’est pas venus ici pour avoir la belle vie ou pour prendre des photos à côté des Champs-Élysées ou de la tour Eiffel. On n'est pas venus en vacances. On est venus ici pour bosser.”, indique-t-il. 

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Alors que sa famille est restée au Mali, Makan a traversé la Méditerranée pour venir travailler en France. Depuis son arrivée, il y a trois ans, il n’avait pas de papiers. “Je fais tout pour rester dans mon coin, jusqu'à ce que je reçoive mes papiers, ce n'est pas facile, pour ne pas mentir. À mon arrivée, certains me disaient: 'Pourquoi tu es venu? Il fallait rester dans ton coin, au Mali, tu travaillais là-bas. Tu as abandonné ton boulot, tu es venu. Souvent, je n'arrive pas à dormir, parce que ta mère peut décéder, tu ne peux pas y aller. Ton père, il décède, tu ne peux pas y aller. Certains jours, tu vas passer toute la nuit à penser à ça. Il faut essayer d'améliorer ta situation, faire des changements, pour continuer à te battre, pour avoir tes papiers.

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“Vous vivez dans le vide”

Il décroche son premier travail dans une brasserie rapidement après son arrivée. Pour postuler, il prend les papiers de son frère. “Dès mon arrivée, le jour même, j'ai eu cette occasion d'aller là-bas. C'était un week-end, un samedi ou un dimanche, parce que la plupart des week-ends, ça bombarde au resto. C'est pour ça que quelqu'un a appelé mon frère au téléphone et lui a dit: ‘Dis à Makan de venir.” J'ai dit : “déjà ? Je viens à peine d'arriver.” Je n’avais pas de papiers, mon frère m'a dit: ‘tu y vas avec mes papiers.’” 

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Au Mali, il était gérant en pharmacie. C’était son dernier emploi avant d’arriver en France. Mais il explique avoir eu beaucoup de déceptions et pour cette raison, il décide de changer de situation mais sa famille reste au Mali : “Imaginez-vous, quand ta femme t'appelle, elle te demande si tu as tes papiers, quand est-ce que tu viens. Elle te pose ce genre de questions. Vous vivez dans le vide. Tout est lié aux papiers, ici, en France. En France, la première chose qu'on te demande, c'est ta pièce d'identité. C'est obligatoire. Du coup, moi, ce que j'ai fait, j'ai pris les papiers de mon frère pour tenter ma chance. Le chef n'a pas fait beaucoup de vérifications. Mais il ne faut pas qu'on reste comme ça. Il y a des gens qui aident les sans-papiers à être régularisés. J'ai appelé un camarade, et c'est lui qui m'a parlé de Marilyne. C'est Marilyne et la CGT qui ont tout fait pour eux, jusqu'à l'obtention de leurs papiers.

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