Le quotidien des personnes en fauteuil roulant à New York

"Le monde n'est pas pensé pour nous." Se déplacer en fauteuil roulant dans une grande ville, c'est souvent un parcours du combattant. Et c'est le quotidien de Lauren. Brut America l'a suivie dans New York.

“Je n’ai pas envie de dépendre d’inconnus”


“Le handicap n’est perçu comme une mauvaise chose, comme une faiblesse, que parce que le monde n’est pas pensé pour nous.” Lauren est une jeune étudiante de 20 ans, ayant déménagé à New-York il y a peu de temps. Mais pour elle, prendre le métro est un véritable calvaire. Seules 27 % des stations de métro sont accessibles aux personnes en situation de handicap. Elle doit alors s’adapter pour faire face à ce problème. “Tous les matins, je regarde l’appli du système de transports pour savoir si mes ascenseurs sont en panne. Je regarde quelle est la meilleure station, parce que seulement 27 % des stations sont accessibles. J’ai 3 stations de secours, 3 itinéraires de secours. Si un ascenseur est en panne, je fais défiler”, explique-t-elle.
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“On est au Fulton Center, c’est ma 2e station de secours. J’aime bien le Fulton Center parce qu’il y a 2 ascenseurs sur le quai.” Malgré tout, le premier ascenseur qu’elle essaye de prendre est en panne. Elle tente alors sa chance près du deuxième ascenseur, en plein dans le centre commercial. “C’est pour ça que j’ai un pass illimité. Comme ça arrive souvent que je prenne un ticket pour rien, ce serait horrible si je payais au trajet. Je dépenserais tellement d’argent. En temps normal, je serais super énervée. Je le suis, mais il y a un 2e ascenseur dans la station. Donc ça me fait faire un détour, ça me prend un peu plus de temps, mais au moins, j’ai une solution”, souffle la jeune femme.
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"Comment ferait une personne en fauteuil roulant?”


Mais une fois dans la station, ce n’est pas pour autant que les choses se facilitent. “Cette station est très bizarre, parce que de ce côté-là, une partie du quai est surélevée pour le wagon du contrôleur, alors c’est très facile de monter et de descendre. Mais de ce côté-ci, ce n’est pas le cas. Donc, surtout quand ce sont de vieux trains, je dois attendre le suivant, parce que c’est beaucoup trop haut. Les gens sont souvent gentils quand je me retrouve bloquée, mais par principe, je n’ai pas envie de dépendre d’inconnus.” Tous ces aléas, entre les problèmes d’ascenseurs et de métros lui font perdre beaucoup de temps, et de temps libre. “Ça m’aiderait à être une jeune de 20 ans comme les autres, à être spontanée, si je n’avais pas à me battre tout le temps ni à mettre de l’argent de côté pour des Uber. Ça faciliterait beaucoup les choses.”
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Pour Lauren, les personnes dans sa situation sont souvent oubliées. “Beaucoup de mes amis m’ont dit qu’ils ne pensaient pas à tout ça, à part quand ils sont avec moi ou que je leur en parle. Je ne leur en veux pas. Si vous ne connaissez personne en fauteuil roulant ou si vous n’y avez jamais vraiment pensé, rien que dans votre ville, prenez 5 secondes pour vous demander comment ferait une personne en fauteuil roulant. Il y a peut-être des trucs que vous ne voyez même pas, comme une marche à l’entrée de votre immeuble ou de votre bureau. Comment ferait une personne en fauteuil roulant?”
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