Le monde de la culture dans une situation critique

"Monsieur le président, s'il vous plaît, faites quelque chose pour nous." Alors que le monde de la culture est à l'arrêt, de nombreux artistes et ouvriers du spectacle se trouvent dans une situation critique. Ils témoignent.

Les métiers du spectacle vivant face à la crise Covid-19


Victime du confinement, le spectacle vivant est à l’arrêt. Les employés de ce milieu, parfois intermittents, se retrouvent en grande difficulté. Brut les a rencontrés.


À cause des mesures sanitaires imposées par le confinement, le monde du spectacle est aujourd’hui au point mort. Les lieux culturels sont aujourd’hui fermés, ce qui empêche de nombreuses personnes d’exercer leur métier.


« On fait comment pour manger ? »


Garence est autrice, compositrice et interprète. Depuis le mois de mars, elle n’a joué que huit concerts : 41 ont été annulés. L’artiste a perdu près de la moitié de ses revenus. Le constat est le même chez Champagne Mademoiselle, chanteuse et effeuilleuse burlesque. « Après cette période de confinement, déconfinement, je n’ai que quatre cachets déclarés. Sur la même période, j’en aurais eu une trentaine » confie-t-elle.


Les artistes se retrouvent donc dans une grande précarité, certains perdent leur logement ou ne peuvent plus se nourrir. C’est ce que dénonce Charly, effeuilleuse burlesque : « Nombre d’artistes sont en train de mourir, littéralement, de se retrouver sans logement. Sans travail, on paye comment ? On fait comment pour manger ? Moi, j’ai un enfant. Des gens ont des enfants, en fait. Ce qu’on fait, c’est du travail. On oublie que c’est du travail. »


Des plans B


Petitcopek est rappeur. Il se retrouve dans une situation encore différente : « Je cotise depuis septembre 2019 pour l’intermittence. Vu qu’il n’y a pas de concerts, il n’y a pas de cachets, et pas de cachets, ça veut dire pas d’intermittence. Pour les gens dans ma situation, Pôle Emploi, pour l’instant, nous laisse trois mois supplémentaires pour faire nos heures », explique-t-il. Pourtant, il n’y a plus d’événement depuis huit mois, selon lui.


Antoine, quant à lui, est chômeur en fin de droits.Il est à l’affût du moindre job. Il ne bénéficie pas du statut d’intermittent. Et il pourrait bien quitter Paris à cause de la pression financière. « Je vais devoir retourner chez mes parents, à 30 ans, 12 ans après avoir quitté ma province natale. » En plan B, et pour répondre à leurs besoins, certains changent même de métier.


Les grands oubliés du confinement ?


Les lieux culturels sont quasiment tous fermés car jugés « non-essentiels ». Mais les professionnels ne partagent pas cet avis avec le gouvernement. « Je crois très fort au rôle essentiel de la culture dans notre société, tout simplement parce que la culture donne de la saveur à la vie. Et la musique électronique, les clubs, c’est de la culture, il ne faut pas l’oublier », affirme Zimmer, DJ.


Plusieurs d’entre eux se sentent délaissés par l’État : « L’art, ce n’est pas une distraction. Ce n’est pas pour se distraire, ce n’est pas pour oublier ses petits soucis du quotidien. Et j’ai l’impression que là, le politique nous met dans cette position. Il nous dit : "Vous êtes des fous du roi. Vous nous distrayez et c’est très bien, mais bon, on peut s’en passer" », dénonce Romain, comédien et chanteur. « Monsieur le Président, s’il vous plaît, faites quelque chose pour nous. Merci », implore Sattyna Tsé Tsé, effeuilleuse burlesque.


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Brut.