Les corps dansants sur les réseaux sociaux – Brut Philo

"Danser, initier un mouvement, c'est prendre des risques, mais c'est aussi ouvrir la porte à la joie." Se filmer en train de danser sur les réseaux sociaux, ça raconte quoi de nous ? On en a discuté avec Cléo Salion-Girault, professeure de philosophie.

“Le succès de Tik Tok, c'est le succès des corps dansants”


Quand on tient le téléphone dans sa main pour se prendre en selfie, on peut contrôler l'angle, et c'est une distance à laquelle la plupart des gens ne sont pas quand on les croise dans la rue, alors que dans les vidéos TikTok, il y a un éloignement qui est généralement, on est en plain-pied et donc on apparaît tel que l'on apparaît pour de vrai. Il y a peut-être davantage d'authenticité dans la danse, sur les réseaux sociaux, que dans la photo.” Cléo Salion-Girault est professeure agrégée de philosophie et doctorante en philosophie juridique, politique et économique et juridique, sur la marchandisation du corps. Elle analyse pour nous le phénomène des corps dansants sur les réseaux sociaux et leur symbolique d’un point de vue philosophique. 

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On est passé, j'ai l'impression, d'un rapport au réseau social, Facebook, Instagram, qui mettait en avant des images fixes, le plus souvent des images de notre visage, à un réseau social comme TikTok, qui met en avant des vidéos, donc des corps qui bougent, et la danse s'y prête particulièrement bien” ajoute la doctorante en philosophie. Selon elle, sur les réseaux sociaux, “l'enjeu, c'est moins la qualité de la performance, qui danse, le talent de la personne que le plaisir qu'elle prend à danser et à montrer, partager sa danse. Quelqu'un qui danse mal mais qui choisit de poster sa vidéo de soi-même en train de danser sur les réseaux, c'est une manière de dire qu'il a ou qu'elle a envie d'appartenir qu'il à cette communauté virtuelle”

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Pour Cléo Salion-Girault, la danse est “un mouvement mais aussi un moment de réappropriation de soi qui est éminemment politique avec les autres corps et elle est une réponse à l'oppression qu'on subit. Donc, ce n'est pas une histoire de développement personnel, de perfectionnement de soi, c'est vraiment l'idée que, en me réappropriant mon corps, je prends conscience des pouvoirs qui sont à ma disposition immédiatement”. Pour elle, la danse sur les réseaux sociaux peut rejoindre une seconde idée générale, celle de la célébration. “Cette célébration, c'est ce que permet également la danse comme langage corporel. Là où le militantisme peut nous faire basculer dans de l'angoisse, on peut penser à l'écoanxiété, par exemple, que notre génération subit particulièrement, le militantisme joyeux que (l’enseignante et militante italienne) Silvia Federici revendique, c'est l'idée que c'est pas parce que c'est joyeux que c'est pas sérieux. Ce n'est pas parce que le sujet est grave qu'on doit garder la mine sombre. On peut tout à fait lutter, militer en étant joyeux. On a besoin de joie, on a besoin de chants, c'est-à-dire qu'on a besoin de crier ensemble, de chanter ensemble, mais on a aussi besoin de bouger ensemble. Et cette harmonie musicale, elle rejoint une harmonie corporelle” ajoute la professeure de philosophie.

Le sexe à l'heure des réseaux sociaux - BRUT PHILO

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