Médecin de campagne, Jacques ne trouve pas de successeur

Médecin de son village, Jacques, 72 ans, ne trouve pas de successeur. Il continue d’exercer pour éviter un désert médical en attendant de pouvoir enfin prendre sa retraite.

“Je ne peux pas abandonner les gens qui m'ont fait confiance”


A Naizin, en Bretagne, depuis 1976, Jacques est l'unique médecin de ce village de 1700 habitants. gé de 72 ans, il a du mal à trouver son successeur.


Pour éviter un désert médical, et de laisser ses patients sans aide, il refuse de partir à la retraite et continue d’exercer.


“Je ne peux pas abandonner les gens qui m'ont fait confiance. Partir, c'est les abandonner un petit peu, quoi. Mais j'espère qu'on va trouver quelqu'un. Dans quelques années.”


S’il arrête, ses patients seraient obligés d'aller ailleurs, “mais c'est vachement pas facile, parce que ça en manque partout” explique le médecin.


En France, de nombreux départements font face à une pénurie de médecins généralistes. D'après l'Assurance maladie, 6,3 millions de Français seraient aujourd'hui sans médecin traitant.


Martial parcourt la France en camping-car pour remplacer les médecins dans les désert médicaux.


“Les jeunes ont peur”


Jacques explique : “Les jeunes ont peur. Ils voudraient être fonctionnarisés, être à plusieurs, pour pouvoir avoir des loisirs et tout, quoi.


Au début des études médicales, on devrait dire aux gens: "Attention, vous faites médecine, mais médecine, c'est pas garagiste, il va falloir être dévoué et puis y passer beaucoup, beaucoup de temps.


Peut-être moins former les jeunes sur des tas de bêtises qu'on a apprises, comme des trucs de chimie, machin, et peut-être plus de pratique, et puis voir l'écoute des gens, enseigner ça.”


Ce qui a aussi séduit Jacques dans son métier, c’est la proximité avec ses patients : “Je ne suis pas un grand médecin très intellectuel. Moi, c'est la relation avec les gens. Ils peuvent me demander ce qu'ils veulent, je ne sais pas dire non.


Mais c'est cette proximité, être un peu le confident, les aider à vivre, parce que ça, je crois que c'est important, on perd un petit peu ce truc-là, de les aider à naître les aider à naître et puis les aider à mourir aussi, parce que ça, c'est important, ça fait partie de la vie.”


Le praticien reçoit dans son cabinet. Il fait également le tour des villages pour se rendre dans la maison des patients qui ne peuvent pas se déplacer pour y prodiguer ses soins.


"L'espérance de vie, entre un ouvrier et un cadre supérieur en France, c'est à peu près 10 ans d'écart." Abdelaali et son association Banlieues Santé interviennent dans les quartiers populaires et les déserts médicaux.


Médecin généraliste de campagne, un métier de dévotion


Médecin généraliste de campagne, c’est aussi un métier de dévotion selon Jacques : “Je pense qu’il faut de l'engagement. Ce n'est pas un métier de n'importe quoi. Mes enfants, moi je les ai pas vus grandir, je trouve dur un petit peu. Mes petits-enfants, je ne les vois pas du tout…


Mon fils m'en veut un petit peu parce qu'il se rend bien compte que j'ai peut-être pas été très présent, Ma femme, elle rouspète, elle rouspète. Elle dit : "Mais t'es fou, arrête un peu, pense à nous, pense à moi, pense aux enfants, on va aller faire ceci, faire cela." Mais elle suit, elle est formidable.”


Marie Paule, la femme de Jacques précise : “Il se couche à 2h toutes les nuits. Parce que quand il rentre il y a toute la paperasse à faire, les gens qui ont demandé des papiers, des dossiers à remplir Il ne peut pas prendre quinze jours de vacances, c'est hors de question, puisque laisse les gens puisque laisser les gens quinze jours sans remplaçant…”


Les patients, habitués à cette relation depuis toutes ces années, appréhendent également son départ. “C'est notre ange gardien ! On s'est confié pendant des années, c'est difficile de changer. Surtout que les jeunes, je pense, ont moins cette relation familiale que les anciens médecins” explique une patiente.


Après des décennies d'économies imposées par différents gouvernements, la plupart des hôpitaux publics sont aujourd'hui en difficulté financière. Tout a commencé en 1983…


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