Salon de l'agriculture : un opposant au Président camerounais interpelle Emmanuel Macron

Il a évoqué une tuerie perpétrée contre 23 civils dont de nombreux enfants le 14 février au Cameroun. La réaction de Macron a provoqué une manifestation devant l'ambassade de France à Yaoundé.

Un activiste camerounais prend à parti Macron au Salon de l’agriculture


Calibri Calibro a rappelé au Président qu’une tuerie avait eu lieu au Cameroun. Macron lui a assuré son soutien, tout en refusant l’ingérence.


« - Il y a un génocide au Cameroun. Il y a plus de 22 morts calcinés, M. Macron.



  • Je sais, je sais ça.

  • Nous sommes des Camerounais, et nous souffrons. J’ai pris la Méditerranée, je vous ai écrit, et vous avez répondu.

  • Vous savez mon engagement sur ce sujet. J’ai mis la pression sur Paul Biya pour qu’il traite le sujet de la zone anglophone et ses opposants. On mettra le maximum de pression pour que cette pression cesse. Je suis totalement impliqué dans les violences qui se passent au Cameroun et qui sont intolérables.

  • Je vous remercie, M. Macron. »


Un massacre survenu le 14 février confirmé par l’ONU


Cet échange a eu lieu le 21 février 2020 au Salon de l’agriculture. Un activiste camerounais, Calibri Calibro, interpelle Emmanuel Macron sur la situation dans les régions anglophones du Cameroun. «  La situation est tellement désastreuse qu’un Camerounais comme moi ne pouvait pas rester insensible face à tout ce qui se passe », explique Calibri Calibro à Brut. L’activiste dénonce un massacre, confirmé par l’ONU, survenu le 14 février>camerounais, Calibri Calibro, interpelle Emmanuel Macron sur la situation dans les régions anglophones du Cameroun. «  La situation est tellement désastreuse qu’un Camerounais comme moi ne pouvait pas rester insensible face à tout ce qui se passe », explique Calibri Calibro à Brut. L’activiste dénonce un massacre, confirmé par l’ONU, survenu le 14 février(target="blank") dans un village du nord du pays.


23 personnes, dont une majorité d’enfants, sont mortes au cours d’une opération militaire dans le village de Ntumbo, dans le nord-ouest anglophone du Cameroun. Une partie de l’opposition camerounaise et de nombreux témoins, interrogés par des ONG et par l’ONU, ont accusé des militaires camerounais d’être à l’origine de cette tuerie. Le gouvernement du Cameroun affirme pour sa part qu’il s’agit d’un affrontement entre l’armée et des séparatistes, qui aurait provoqué un incendie ayant entraîné la mort de cinq personnes.


« L’armée camerounaise tue des civils innocents »


« Ce jour devait être un jour heureux, mais ce fut un jour de deuil. 24 personnes ont été brûlées dans leur domicile. Cette attaque a été perpétrée par l’armée camerounaise, il faut le dire. L’armée camerounaise tue des civils innocents, et c’est insupportable. Il y a une épuration ethnique qui se passe. Il y a un génocide, je pèse mes mots et je les assume. La preuve, le Président Macron m’a dit ''je sais'' », poursuit Calibri Calibro.


L’activiste affirme tirer la sonnette d’alarme depuis des mois, sans réponse d’où que ce soit. « Les personnes qui ont été visées, comme d’habitude, ce sont des populations civiles innocentes. Des populations qui n’avaient ni armes, ni couteaux, ni machettes, rien. C’était une opération de vengeance. Ce sont mes frères qui ont été tués. Des femmes et des enfants, notamment des femmes enceintes. C’est odieux. C’est horrible ! Et aucun État normal dans le monde ne peut supporter ça. »


Le conflit a déjà fait plus de 3.000 morts et 700.000 déplacés


Depuis 2017, le conflit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, peuplées principalement par la minorité anglophone camerounaise, a déjà fait plus de 3.000 morts et 700.000 déplacés. Ce conflit oppose l’armée et des groupes séparatistes. Les deux camps sont accusés de crimes et d’exactions contre des civils par des ONG internationales. « C’est bien beau de dire aux Camerounais "oui, on vous a compris, oui, il faut que la guerre cesse, oui, il faut que le jeu politique s’ouvre au Cameroun". Maintenant, il faut joindre les actes à la parole », s’insurge Calibri Calibro.


Face à lui, au Salon de l'agriculture, Emmanuel Macron lui a assuré son soutien, tout en refusant l’ingérence. « Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir, je veux vraiment que vous le sachiez. Mais ce n’est pas la France qui peut faire la démocratie au Cameroun à la place des Camerounaises et des Camerounais. Je mets la pression sur chacun et je travaille avec l’Union africaine et les organisations internationales pour mettre la pression. »


La promesse d’Emmanuel Macron a provoqué la colère d’une centaine de Camerounais soutenant le Président Paul Biya, qui ont réagi devant l’ambassade de France à Yaoundé. « Nous sommes suffisamment grands pour résoudre nos problèmes », a assuré Abraham Che, étudiant camerounais.


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