Sow Saifoulaye, de l'esclavage en Libye à la France

À 15 ans, il avait déjà connu l'esclavage en Libye, la traversée de la Méditerranée, la rue en France… Aujourd'hui, il a 20 ans, il est chaudronnier et il dirige 2 associations pour les orphelins et l'éducation des enfants. Sow raconte son histoire.

A 20 ans, Sow Saifoulaye travaille comme chaudronnier en CDI. L’année dernière, il a travaillé sur un chantier naval. Le jeune homme revient de loin. “Ma mère est morte à ma naissance. Et trois mois après, mon père aussi est mort. Et du coup, quand j'étais enfant, j'ai été adopté par ma tante. Et par rapport à l'école, mais j'ai pas eu les moyens d'y aller”. Son frère l’encourage à prendre le chemin de l’exil avec lui vers la  France. Sow Saifoulaye a alors 14 ans. “La route, ça a été très, très dur. Le jour où on est arrivés en Libye, mon frère a été tué. Et j'ai pris une balle ici (ndlr : il pointe le haut de sa cuisse droite)”

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Sur la mer, c'est plus que dangereux. Tu te vois mort”


Sow Saifoulaye se souvient de la violence de traitement en Libye : “Tous les Libyens considéraient (les noirs) comme des marchandises. Ils nous ont tous emmenés en prison. On est plus de 300 personnes dans une même salle. Le chef de la prison est allé et a demandé : "Qui sait faire la soudure parmi vous ?"” Sow Saifoulaye répond par le positif car plus jeune, il avait déjà réalisé de la soudure. “À partir du moment où tu peux faire quelque chose, on te fait sortir de prison, on te donne à un Libyen qui a besoin de ce travailleur-là. Il te fait travailler de 8h à 18h. Il te donne à manger. Il te renvoie en prison et il paye le chef de prison”. Il travaille pour une personne “pendant 3 à 4 semaines”

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Et après, à partir du moment où il a commencé à me faire confiance, je me suis enfui. Je me suis retrouvé dans un quartier qui s'appelle Girigaraz où il n'y a que des noirs ou des passeurs” se souvient Sow Saifoulaye. Il y retrouve les amis de son frère, qui l’aident à traverser. “Sur la mer, c'est plus que dangereux. A partir du moment où tu te retrouves à un endroit où tu ne vois que dalle, sauf le ciel et la mer, c'est plus qu'effrayant. Pourquoi ? Parce que tu te vois mort. Le bateau où tu es assis, c'est un truc en plastique. Tu risques même de percer le plastique, avec tes ongles, où tu es assis”

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Il arrive finalement en France, à Créteil, où il erre dans les rues pendant 7 mois avec d’autres jeunes demandeurs d'asile. Il est alors toujours mineur. Il fait aussi la rencontre de Guy Fauvel, membre de Paris Exil, chez qui il finit par loger une année. L’association encadre les jeunes demandeurs d’asile et peut les orienter vers des écoles. Sow Saifoulaye rejoint ainsi le lycée Hénaff de Bagnolet. “Finalement, après un certain nombre de démarches administratives qu'il a fallu entreprendre, Sow a donc été reconnu mineur et, partant de ce principe-là, il a été pris en charge par l'ASE (Aide Social à l’Enfance), il a donc été hébergé dans un centre proposé par l'ASE” commente Guy Fauvel. Aujourd’hui, âgé de 20 ans, Sow Saifoulaye est en CDI. Il travaille comme chaudronnier. Le week-end, il gère deux associations : “École pour tous" et "Éducation pour l'avenir des orphelins et des albinos". Il milite pour les orphelins et pour la scolarisation des enfants. 

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