Voyage dans un bus de nuit en Île-de-France

"Les trois quarts, c'est des SDF. Des gens qui dorment dans le bus, ils ne savent pas où aller. On les transporte toute la nuit."

Covid-19 : comment ça se passe dans les bus de nuit ?


Des chauffeurs d’Île-de-France font le service de 23h55 à 06h55. Brut les a suivis.


« C’est difficile parce que la nuit il n’y a pas de règles, il n’y a pas de respect, il n’y a rien. La nuit, on est obligé de gérer », confie un chauffeur de bus parisien. De 23h55 à 06h55, il assure le service tant que les gares sont fermées. Comme dans toute l’Île-de-France en période de Covid-19, exercer son activité s’avère très difficile.


« Les trois quarts des passagers, c’est des SDF »


« *Les trois quarts des passagers, c’est des SDF, des gens qui dorment dans le bus. Ils ne savent pas où aller, ils sont dans le bus. On les transporte toute la nuit. Mais je suis pas assistant social, je suis machiniste-receveur * », poursuit le chauffeur.


Tous les soirs et pendant toute la nuit, des files d’attente se créent à l’entrée des bus de nuit. Et les véhicules sont presque complets à chaque trajet. « En fin de compte, le bus, c’est un hôtel », constate le chauffeur.


Compliqué de respecter la distanciation sociale dans ces conditions. « On donne des petits sachets de désinfectant. On a des lingettes. Mais c’est impossible de respecter les barrières de distance. Tout le monde est serré. Certaines personnes sortent du travail, certaines sont fatiguées, elles ont besoin de s’asseoir. »


« Je me suis fait agresser plusieurs fois »


Pour les femmes en particulier, ces bus de nuit peuvent s’avérer dangereux. « Ça dépend des bus et ça dépend par où le bus passe. Mais c’est rare qu’on se sente en sécurité. Après, avec l’habitude, on connaît les gestes à faire et à ne pas faire. Par exemple ne pas trop sortir le téléphone, ne pas avoir des objets de valeur, et la tenue surtout », témoigne une passagère.


Les conducteurs aussi doivent rester sur leurs gardes. « Je me suis fait agresser plusieurs fois. C’est le quotidien de tout machiniste, surtout la nuit. La dernière fois c’était avec une arme de deuxième catégorie. On a été au commissariat et puis la plainte a été classée sans suite », constate tristement le chauffeur.


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Brut.