Quand Pape Diouf racontait son arrivée à Marseille

Sénégalais, ancien journaliste sportif, il était devenu patron de l'OM. Il est décédé mardi 31 mars 2020.

Souvenir de Pape Diouf, décédé du Covid-19


L’ancien journaliste sportif, agent de joueurs de football et président de l'Olympique de Marseille est mort le 31 mars à Dakar, au Sénégal.


« Quand tu es Sénégalais et noir et que tu écris, au départ, il est probable que les handicaps soient plus nombreux. Puisque là, on regarde à la loupe ce que ce Noir, ce que ce Sénégalais prétend écrire dans la langue qui n'est pas la sienne. Mais pareillement aussi, une fois qu'on a fait ses preuves, on a tendance à avoir l'indulgence des gens », déclarait Pape Diouf en 1988.


En souvenir de l’ancien président de l'Olympique de Marseille, décédé le 31 mars 2020 du Covid-19, Brut vous propose une retranscription d’une interview qu’il a donnée en 2009.


« Je voyais que le Blanc pouvait aussi faire des métiers subalternes »


Lorsque je suis arrivé à Marseille, ce 25 avril 1970, ça fait bientôt 39 ans, il y avait un mistral que je ne pouvais pas imaginer. Je ne pensais pas que le vent pouvait souffler à ce point. Et puis, il faisait un froid qui me glaçait. J'ai été déraciné tout de suite. J'ai compris ce qu'était le mot « déracinement », vraiment.


Ce qui m'avait le plus frappé à l'époque, c'était de voir une société nouvelle. Une société où le Blanc pouvait aussi être chauffeur de bus, où il pouvait être éboueur, où il pouvait être celui qui vend aux marchés… Alors que j'avais toujours vu le Blanc en avant. En Afrique, il était toujours cravaté, ou patron. Et là, je voyais que le Blanc pouvait aussi faire des métiers subalternes. C'était assez frappant.


« Des valeurs africaines auxquelles j'ai ajouté celles que j'ai retrouvées en France »


Qu’est-ce qu'il me reste de l’Afrique ? Tout ! D'abord, il y a ma peau, je suis noir, ça se voit. Je suis très régulièrement au pays. Je reste en contact téléphonique avec ma famille. Quand je suis arrivé en France, c'était très compliqué. Je n'avais de nouvelles de ma famille qu'une fois tous les 15 jours ou toutes les trois semaines.


Il n'y avait pas de portable, pas de sms. Ce qu'il me reste, je dirais, ce sont des valeurs. Vous savez, les valeurs, dans mon esprit, sont universelles. Et il y a des valeurs plus spécifiquement africaines auxquelles j'ai ajouté celles que j'ai retrouvées en France.


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