Une vie : Amélie Mauresmo

"Je suis hyper fière de ce que j'ai fait." Elle a marqué l'histoire du tennis français. Sa carrière extraordinaire, la violence qu'elle a vécue après son coming out, sa nouvelle vie de directrice de Roland Garros… Pour Brut, Amélie Mauresmo raconte son histoire.

🎾 Pendant deux semaines, Brut couvre l'actu et les coulisses du tournoi de Roland-Garros.


1ère sportive française à faire son coming out


En 1996, elle remportait le titre du Grand Chelem à  Roland-Garros. L’ancienne championne de tennis, Amélie Mauresmo, se souvient de ce moment : “C'était la première émotion vraiment intense que j'ai vécue sur un terrain. De le vivre ici, à Roland-Garros, c'était juste fantastique”. Elle est la première française numéro 1 mondial, première femme à entraîner un top joueur, première femme directrice de Roland-Garros… Retour sur l’histoire de la sportive, Amélie Mauresmo. Elle commence le tennis à l’âge de quatre ans, inspirée par la victoire de Yannick Noah à Roland-Garros en 1983. “Yannick Noah qui gagne Roland-Garros en 1983, j'ai à peine quatre ans et le plus loin que je me souvienne. C'est vraiment de là qu' est partie l'envie de… Je ne sais même pas si c'est l'envie de jouer au tennis ou l'envie de ressentir ce qu'il ressentait, en fait, et passer tellement d'émotions quand il joue au tennis, quand il chante, quand il est là, même juste dans une pièce, que je pense que la petite fille que j'étais a ressenti ça et a eu envie de vivre ces émotions. Et peut-être que le tennis était presque l'outil qui allait me permettre de vivre ça” commente la tenniswoman.  

Sarah Iliev, jeune espoir du tennis français


En 1996, elle se révèle en junior : elle remporte Roland-Garros dans cette catégorie d’âge. À seulement 19 ans, elle atteint la finale de l’Open d’Australie et elle devient la première sportive française à faire son coming out. Elle dispute à Melbourne la finale d'un tournoi du Grand Chelem. Pendant cette compétition, elle révèle aussi son homosexualité. De quoi faire réagir non seulement la presse grand public française, mais aussi les magazines s'adressant à la communauté homosexuelle. “J’ai subi des critiques. Je ne m’y attendais pas du tout parce que justement, pour moi, c'était presque un non-sujet et j'étais naïve de penser ça, d'ailleurs. Et je n'aurais peut-être pas fait de la même façon et je me serais préparée sûrement autrement. En tout cas, je n'étais pas préparée du tout, et ça m'a vraiment isolée et ça m'a impactée sur tout le reste de ma relation à la presse, même encore aujourd'hui, je pense” commente aujourd’hui la joueuse de tennis. Si c’était à refaire, elle le referait “parce qu'au final, je suis très contente de l'avoir fait. Et pour le coup, 24 ans après, je pense que, là, on est presque sur un non-sujet pour ceux qui le font maintenant”. 

Une vie : Yannick Noah, star de tennis et chanteur


Numéro 1 mondial de tennis


En 2004, Amélie Mauresmo décroche la médaille d’argent aux Jeux olympiques d’Athènes. La même année, elle devient la première française à devenir numéro 1 mondial. Deux ans plus tard, elle remporte l’Open d’Australie et Wimbledon. “Pour la victoire à Wimbledon, c'était un moment-clé, un moment d'émotion encore plus intense que toutes les autres victoires. Et puis l'accomplissement d'un rêve” décrit la sportive. Le moment le plus difficile de sa carrière, c’est sans doute “sur ce central de Roland-Garros, parce que j'ai eu souvent des désillusions dans ce tournoi, notamment les années, je ne me souviens plus lesquelles, où je pars parmi les favorites et je n'y arrive pas. Je pense que ces tous ces rêves d'enfant, ils ont bloqué la machine, à un certain moment. Je n'ai pas réussi à trouver les clés mentalement pour faire en sorte de jouer mon meilleur tennis ici à domicile”.

L'inquiétante disparition de la championne de tennis Peng Shuai


Après avoir remporté 25 tournois, elle annonce la fin de sa carrière à l’âge de 30 ans. “Je n’ai pas trouvé ça dur du tout d’arrêter. Au contraire. Pour moi, c'était un soulagement. J'arrivais à une période de ma carrière, j'avais 30 ans, où je ne pensais plus être capable de gagner un Grand Chelem. J'avais beaucoup de mal à faire les efforts au quotidien, à l'entraînement, pour pouvoir être opérationnelle physiquement et mentalement, tennistiquement, sur le court, en compétition. Donc c’était vraiment quelque chose qui s'est imposé à moi, cette décision d'arrêter.” Quand elle repense à son parcours, la sportive ne regrette rien : “Je suis hyper fière de ce que j'ai fait. C'est un parcours incroyable. Chaque étape que je vivais, elle me renforçait aussi pour le reste. J'ai été bien au-delà de ce que je pouvais imaginer jeune, enfant. C'est important pour moi de pouvoir me dire que je fais partie de ces athlètes qui ont marqué les gens”.

Découvrez la biographie vidéo de Rafael Nadal


“Je m'éclate dans ce que je fais en tant que directrice du tournoi de Roland-Garros”


De 2014 à mai 2016, Amélie Mauresmo sera l'entraîneuse du champion britannique Andy Murray. Elle s’occupera ensuite du joueur français Lucas Pouille de 2018 à 2020. “Andy Murray voulait vraiment avoir une femme à ses côtés. Il a été formé par sa mère. Il sentait qu'il allait avoir plus de facilité à s'exprimer auprès d'une femme pour se livre” indique la sportive. “Du coup, moi, ça m'a vraiment parlé, tout ce qu'il m'a dit et j'ai dit : “Banco”. C'était un vrai challenge. Alors, ça a été très compliqué au début quand je suis arrivé. Pas avec lui du tout, avec une partie de son staff et avec tout le circuit d'une certaine façon. Parce que oui, personne ne pensait que je pouvais lui apporter des choses. Il y avait beaucoup de scepticisme dans le milieu. On a fait un beau chemin. Et je pense que là aussi, les barrières, elles, sont un peu tombées”.  


En décembre 2021, le nouveau président de la FFT Gilles Moretton la choisit pour succéder à Guy Forget à la direction d'un des quatre tournois du Grand Chelem, les Internationaux de France à Roland-Garros. Elle est actuellement directrice du tournoi de Roland-Garros. “Je m'éclate dans ce que je fais en tant que directrice du tournoi de Roland-Garros. C'est un vrai challenge, de nouveau, des facettes de l'événement où je ne connaissais rien. Il a fallu que j'apprenne sur le tas beaucoup de choses. J'ai envie que de plus en plus de monde puisse vivre Roland-Garros d'une façon différente. Je ne suis pas naïve non plus. Je sais très bien que si vous voulez aller voir la finale sur le Philippe Chatrier, ça a un coût mais on essaie de proposer aussi d'autres choses qui ont moins de coût. Puis d'amener un nouveau public aussi parce qu'au tennis, on a besoin d'avoir encore plus de jeunes qui viennent, qui se rendent compte qu'il y a des émotions à vivre. En fait, moi c’est ça que j'ai toujours envie de véhiculer, ces émotions-là”.

Ma liste

list-iconAjouter à ma liste
avatar
Brut.