"Inutiles" mais obligatoires : comment le gouvernement a évolué sur les masques
« Inutiles » mais obligatoires : comment le gouvernement a évolué sur les masques
« Les masques sont inutiles si vous n’êtes pas malade, si vous n’avez pas été en contact avec des personnes malades », estimait le ministre de la Santé. Un discours qui a bien changé.
Au début, « pas d’intérêt »
Nous sommes le 11 mars. C’est Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, qui s’adresse à la presse lors de son point quotidien : « Il ne faut surtout pas avoir de masques pour le grand public, ça n'a pas d'intérêt. » Une époque où il semblait il y avoir un consensus au sein du gouvernement et des pouvoirs publics sur le non-port du masque par le grand public.
Un consensus entamé quelques jours plus tôt. « Les masques sont inutiles si vous n’êtes pas malade, si vous n’avez pas été en contact avec des personnes malades », estimait en effet le ministre de la Santé Olivier Véran le 28 février.
« On ne doit pas acheter de masques, et d’ailleurs, on ne peut pas en acheter, puisque nous avons donné des instructions aux pharmacies pour qu’elles ne distribuent des masques que sur prescriptions médicales », abondait la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye le 4 mars.
Changement de discours
C’est à partir du 31 mars que le discours évolue. C’est le Président de la République Emmanuel Macron qui donne le ton : « Les masques, c'est une bataille essentielle. Le gouvernement a fait toute la transparence et s'est mobilisé depuis le premier jour et nous continuons d'avancer. »
Très vite, Jérôme Salomon lui emboîte le pas : « Nous encourageons effectivement le grand public, s'il le souhaite, à porter des masques en particulier ces masques alternatifs qui sont en cours de production. » Le discours évolue, mais le masque n’est pas encore obligatoire.
Obligatoire cette fois !
Mi-juillet, le discours change à nouveau. D’abord, c’est Emmanuel Macron qui, dans son intervention du 14 juillet, déclare que le port du masque sera obligatoire à partir du 1er août dans tous les lieux publics clos. Puis la date est avancée au 20 juillet.
Sur Brut, dès le 16 juillet, Philippe Juvin, chef de service des urgences de l’hôpital Georges-Pompidou, estime pour sa part, face à Rémy Buisine, qu’il ne faut pas attendre. « Il y a encore pas mal de clusters en France qui montrent que le virus circule. Et quand on regarde le nombre de consultations auprès de SOS Médecin, ça augmente depuis 15 jours, tranquillement, mais constamment. C’est ce qu’on appelle des signaux faibles. Aux urgences, on constate un frémissement. La deuxième vague, elle ne viendra pas si tout le monde fait un effort et porte des masques. »
Jean Castex parle
Le 16 juillet, Jean Castex, nouveau Premier ministre prononce son discours de politique générale devant les sénateurs. Il en profite pour annoncer que la date du port des masques obligatoire dans les lieux publics clos sera antérieure au 31 août.
La date du 20 juillet sera annoncée par la suite. Voilà aujourd’hui ce que dit la loi : « Toute personne de 11 ans et plus doit porter un masque grand public dans les lieux publics clos, en complément de l’application des gestes barrières. »