Le quotidien d'une maire de village
Cette maire a choisi de ne pas se représenter
Nathalie Laine-Hugenschmitt est maire d'Arbouans depuis 2008. Elle ne se représentera pas aux élections municipales, et elle explique pourquoi.
« Les gens prennent le maire pour la fée clochette. Ils arrivent ici en nous demandant de faire des choses qu’on n’est pas capables de faire d’un coup de baguette magique. Ou ils voudraient qu’on fasse juste un petit truc devant leur porte. Or, on est là pour l’intérêt communautaire. Ça, ils ont du mal à le comprendre. Les gens sont devenus égoïstes. » Nathalie Laine-Hugenschmitt est maire d'Arbouans depuis 2008. Mais cette année, elle ne se représentera pas aux élections municipales. Brut l’a rencontrée.
« Il faut un mental solide »
Pour être maire, il faut un mental solide, il faut avoir de la disponibilité, et il faut être bien entouré, parce que le maire tout seul ne fait rien. Au départ, c’était extraordinaire, parce qu’évidemment, il y a eu l’euphorie de la victoire. Mais ensuite, je me suis rendu compte que finalement, c’était une grande vague de 10 mètres de haut qui me tombait dessus.
Quand on travaille sur des dossiers sérieux, il faut compter 60 heures per semaine. Ça demande une énorme organisation. Vous ajoutez vos heures de travail - moi c’est 20 heures par semaine dans mon établissement - et vous ajoutez l’agglomération, qui est entre 12 et 20 heures par semaine, puis vous ajoutez la famille, et vous voyez ce que ça fait en volume horaire sur une semaine.
Quand on était au-dessus de 1.000 habitants, dans le mandat de 2008 à 2014, en indemnités, j’avais 1.400 euros. Au vu du nombre d’heures passées, ça me semblait juste. On a chuté en-dessous de 1.000, il y a eu les baisses de dotations de l’État, on est passés à quasiment la moitié, donc 800 et quelques. On va dire un petit 900 euros.
« Les gens ne se rendent pas compte du temps qu’on passe ici »
Les gens ne se rendent pas compte du temps qu’on passe ici. Le plus gros poste, c’est les finances : dans une petite collectivité, on n’a qu’une secrétaire, le maire est obligé de suivre les finances, la mise en place des budgets, le suivi des budgets… Évidemment, il y a le régulier, c’est faire le courrier de tous les jours, c’est voir les employés municipaux, avoir des réunions avec les agents municipaux pour les faire tourner. Vous avez aussi toute la partie des réunions de préparation du conseil municipal, on en a toujours une ou deux par semaine. Plus les mariages, plus les inaugurations, plus les conseils des écoles…
Après, il y a tout le domaine de la sécurité. On est en lien permanent avec la police municipale, puisqu’on n’a pas de police municipale, nous. Dans une petite commune, le policier municipal, c’est le maire. Les gens déboulent ici, même les secrétaires pourraient vous le dire, parfois ils déboulent ici en hurlant…
« Mes adjoints, c’est comme mes frères, maintenant »
Je pense qu’avec l’équipe municipale qui est en place, on a passé des moments extraordinaires, surtout avec mes adjoints. Vraiment, mes adjoints, c’est comme mes frères, maintenant. Je ne les connaissais pas vraiment il y a 12 ans, mais on a appris à se connaître et on se dit les choses en face. On s’appelle tous les jours, on fait des bringues ensemble.
Tous les gens qui nous soutiennent, c’est beau. Ils vous voient dans la rue et vous disent bonjour. Tous ces petits moments d’échanges qu’on peut avoir avec les administrés, les mariages, c’est de beaux moments aussi. Tout ce côté richesse que l’Homme peut apporter autour de projets sociaux, c’est vraiment ça que je garderai en souvenir.