À Sfax, des Subsahariens veulent partir
À Sfax, les migrants subsahariens fuient les violences et les représailles après le meurtre d'un Tunisien de 42 ans. Ceux qui restent sont parfois déplacés de force. Le meurtre d'un Tunisien de 42 ans secoue la ville et cristallise les tensions. Des images de violentes représailles et d'appels à la vengeance se multiplient sur les réseaux sociaux. Plusieurs images de policiers chassant des migrants sont aussi relayées. D'autres, craignant pour leur sécurité, se sont regroupés dans la gare pour quitter la ville.
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“Il y a un problème sérieux à Sfax. Un subsaharien a tué un Tunisien et du coup, la population tunisienne est fâchée contre toutes les Subsahariennes. La population tunisienne s'attaque aux subsahariens et même la police tunisienne essaie d'arrêter illégalement tous les subsahariens des fois pour les refouler dans le désert de la Libye. Ce qui n'est pas normal. On a vraiment peur d'être ici. C’est pourquoi on veut à tout prix quitter Sfax” explique Jonathan, un étudiant congolais.
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Dans la nuit de mardi à mercredi, des centaines d’habitants de Sfax sont descendus dans les rues pour réclamer le départ immédiat de tous les migrants clandestins. Un habitant de Sfax avait été poignardé lors d’un affrontement lundi dans la nuit avec des migrants originaires de l’Afrique subsaharienne, un drame qui a provoqué des relents racistes. La majorité de ces migrants viennent en Tunisie dans l’espoir de rejoindre par la suite l’Europe par la mer, en débarquant de manière clandestine sur les côtes italiennes. Sur la page Facebook du groupe “Sayeb Trottoir” qui s’intéresse aux question de l’immigration clandestine, Lazhar Neji qui travaille aux urgences d’un hôpital à Sfax a décrit la nuit de violences comme “une nuit inhumaine et sanglante”, ajoutant que “certains (migrants) ont été jetés de terrasses, d’autres agressés avec des sabres”.
Plus de 20 ONG nationales et internationales, dont le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), l'affirment mardi, les forces de sécurité ont déplacé de force un groupe de 100 migrants vers la frontière libyenne. Parmi eux, on compte au moins 12 enfants âgés de six mois à cinq ans. L’ONG Human Rights Watch (HRW) a appelé la Tunisie à stopper les “expulsions collectives” à l’issue desquelles les migrants sont laissés seuls dans le désert lybien. Un député de Sfax parle sur une radio tunisienne du déplacement forcé de plus de 1200 migrants depuis l’Aïd. Les tensions entre une partie des sfaxiens et des migrants clandestins sont exacerbées depuis la sortie xénophobe de Kaïs Saïed en février. Dans ce discours, le président tunisien présentait l'immigration clandestine comme une menace démographique pour le pays. Il reprenait à son compte la théorie du grand remplacement que soutient l'extrême droite en Europe.