C’est quoi la théorie du grand remplacement ?

Thomas Snégaroff, historien, revient sur la théorie du grand remplacement, portée par Eric Zemmour et évoquée par Valérie Pécresse.

“Cette théorie a été lue partout dans le monde, dans des cercles d’extrême droite”


“Si l’expression de “grand remplacement” date de 2010 avec Renaud Camus, qui cible les musulmans d’Afrique du Nord et du Maghreb, l’idée même d’un remplacement d’une population par une autre, on la retrouve depuis plus d’un siècle” explique Thomas Snegaroff. L’historien fait référence à Maurice Barrès, un écrivain nationaliste, qui en 1900 écrit notamment dans un article que la France n’a pas “la force d’assimiler ceux qui arrivent”. Il fait essentiellement référence aux Juifs. ”Cette théorie, on va la retrouver à nouveau dans les années 1930, 1950 et 1960 dans les cercles néonazis”.
En 2018, Raphaël Glucksmann dénonçait “la montée de l’extrême-droite en Europe”.
L'ancien ministre de la justice Robert Badinter, a partagé un message aux jeunes générations sur le devoir de mémoire. Sa grande-mère paternelle a été déportée en 1942.


“Mais ce qu'il y a d'intéressant dans cette théorie du grand remplacement, c'est ce qu'elle veut dire. D’abord, c’est l’idée qu’il y aurait, et c’est ce qu’Eric Zemmour dit, depuis 20 siècles, une population fixe serait la même. Or les démographes vous expliquent tous qu’il y a eu des migrations depuis toujours en France. L’autre idée que ça implique, c’est qu’il y aurait une impossibilité totale que la population qui arrive viennent s’intégrer. L’idée derrière le grand remplacement, c’est que les populations ne peuvent absolument pas cohabiter les unes les autres” précise l’historien.


“Cette théorie du grand remplacement et les mots de Renaud Camus ont été lus un partout dans le monde, dans des cercles d’extrême droite, des cercles néo-nazis avec des conséquences dramatiques. Par exemple, l’attentat de Christchurch en Nouvelle-Zélande a été perpétré en son nom” précise Thomas Snégaroff. Pour rappel, l’attentat de Christchurch en Nouvelle-Zélande perpétré en 2019 par un terroriste d’extrême-droite avait provoqué la mort de 51 personnes. Quelques jours après le drame, un imam avait exprimé son “chagrin” au parlement néo-zélandais et le premier ministre australien était revenu sur l’attentat de Christchurch dans un discours poignant.


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Brut.