Confinement et précarité : il se bat pour annuler les loyers

Avec le confinement, de nombreuses personnes ne peuvent plus payer leur loyer. Dans la cité des 4000 à La Courneuve, Aly Diaoura se bat pour les annuler.
Publié le
6/5/2020
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Aly Diaoura se bat pour faire annuler les loyers à La Courneuve


À la Cité des 4000 de La Courneuve, de nombreux habitants n’arrivent pas à payer leur loyer depuis le début du confinement.


Aly Diaoura, Président de l'Amicale des locataires du Mail de Fontenay, est en colère. Et pour cause : avec l’arrêt des revenus dû au confinement, de nombreuses familles de la Cité des 4000 ne peuvent plus payer leur loyer. Et rien n’est fait pour les aider. Aujourd’hui, ces habitants de La Courneuve pourraient être sous le coup d’une expulsion.


Pourtant, ils ont largement rentabilisé leur appartement. « On vit dans ces logements depuis plus de 50 ans. Une famille a donné depuis 50 ans entre 150 et 300.000 euros dans chaque logement en loyer, entre 150 et 300.000 euros. C’est le prix d’une maison ! »


« À la fin du mois, je n’ai pas eu un sous sur mon compte »


Pour Aly Diaoura, il y faut annuler les loyers. C’est une question de survie pour certaines familles. Il prend un exemple. « Vous êtes face à une maman qui n’a plus aucune ressource du travail. Elle est veuve. Elle a à sa charge deux enfants. Depuis les mesures de confinement, elle se retrouve au chômage technique. Mais comme elle ne travaillait pas juste avant puisqu’elle était en maladie, du coup elle ne bénéficie pas des mesures de chômage partiel. »


La mère de famille en question, habitante de Cité des 4000, a accepté de témoigner pour Brut. « Je n’ai jamais eu de découvert. Maintenant, j’ai 400 euros de découvert. Depuis le confinement, je n’ai pas de travail. À la fin du mois, je n’ai pas eu un sous sur mon compte. Avec les enfants, comme mon mari est décédé, je suis toute seule. Je n’arrive pas à payer mon loyer. Avec les enfants, j’ai la honte, quoi. »


« Pour l’instant, on est seulement sur des échelonnements des loyers »


« Elle se retrouve dans une situation très, très compliquée, poursuit Aly Diaoura. C’est pour ça qu’elle m’a alerté sur la situation. Moi, j’ai alerté le bailleur en lui demandant comment il pourrait mettre en place des mesures exceptionnelles pour ce cas précis, puisqu’on me demandait du cas par cas. »


Mais malgré ses efforts et la situation désespérée des locataires, le Président de l'Amicale des locataires du Mail de Fontenay n’arrive pas à faire accepter des exonérations de loyer aux propriétaires. « Aujourd’hui, la réponse qu’on m’apporte, c’est que non, pour l’instant, on est seulement sur des échelonnements des loyers. C’est-à-dire qu’on paiera le loyer à l’issue de la crise, sur plusieurs mois jusqu’à un an. »


« C’est toujours les mêmes personnes qui sont touchées par les violences policières, par la crise sociale, par la crise économique »


Une situation dramatique pour Aly Diaoura, qui a peur que les habitants concernés « pètent un câble ». « C’est toujours les mêmes personnes qui sont touchées par ces situations-là, qui sont touchées par les violences policières, qui sont touchées par la crise sanitaire, alimentaire, la crise sociale, la crise économique », poursuit-il.


Pour le Président de l'Amicale des locataires du Mail de Fontenay, il est incompréhensible que les acteurs du milieu associatifs aient à pallier l’inaction de l’État et des pouvoirs publics dans les banlieues défavorisées. Car la solidarité ne fait pas tout. « Le confinement est respecté. Tout ce qu’on nous a demandé de faire, on l’a fait. Mais au final, on paye quand même un trop lourd tribut. C’est une situation qui est liée, clairement, à l’ensemble des inégalités qui concourent à nous tuer. »