Olena Zelenska, "Première dame" d'Ukraine ne veut pas que son peuple soit oublié

"C'est vital pour les Ukrainiens de ne pas êtres oubliés. La guerre continue, elle n'est pas moins intense, le danger n'est pas passé." 600 jours après le début de la guerre, Olena Zelenska, "Première dame" d'Ukraine est venue passer un message fort à la France et au monde. Interview avec notre journaliste Rémy Buisine.
Publié le
29
/
08
/
2024

C'est vital pour les Ukrainiens de ne pas être oubliés. La guerre continue, la guerre n'est pas devenue moins intense, le danger n'est pas passé pour nous. S'il vous plaît, ne l'oubliez pas”. Rémy Buisine a échangé avec Olena Zelenska, l’épouse du président ukrainien, Volodymyr Zelensky sur la situation actuelle en Ukraine, 600 jours après le début du conflit qui a opposé le pays à la Russie. Alors que tous les yeux sont rivés sur le conflit entre Israël et le Hamas, qui touche notamment la bande de Gaza, la “Première dame” ukrainienne tient à rappeler à la France et au monde de ne pas “oublier” l’Ukraine. Elle rappelle que la guerre sévit toujours. “Si on devait regarder un instagram ou un tiktok d'une jeune personne qui vit par exemple à Kiyv, dans la capitale, on pourrait penser que c'est une vie normale. La personne est dans un café et peut faire des photos de la nourriture, montrer ses looks, comme font les adolescents et les jeunes dans le monde entier. Jusqu'à ce que vous ne tombiez sur les photos où cette personne rejoint le centre bénévole qui collecte de l'aide pour les militaires ou jusqu'à ce que vous ne tombiez sur l'information sur la mort d'un frère, d'un père ou même d'un grand-père” explique Olena Zelenska.

Voir le documentaire de Charles Villa: “Ukraine, ce qu’on a vu”


Kherson est bombardée tous les jours”


Elle ajoute: “Si cette personne vit dans la proximité immédiate du front, on ne pourra pas parler d’une vie normale. Si en Ukraine, on entend constamment les alertes aériennes, dans les zones frontalières, cela n'a même pas d'importance puisque les missiles tomberaient plus vite que vous n'ayez la possibilité d'aller vous mettre à l'abri”. Si certaines villes détruites par la guerre ont pu être reconstruites, comme Boutcha, dans la région de Kiyv, d’autres subissent encore les bombardements. C’est le cas de Kharkiv ou Kherson, où “en raison de bombardements intensifs, et ça n'a pas de sens de commencer la reconstruction et les restaurations” précise la femme du président ukrainien, Volodymyr Zelensky. Elle indique que “Kherson est bombardée tous les jours. Les enfants dans ces régions ne peuvent pas physiquement se rendre dans les écoles. Ils étudient uniquement en ligne”. En Ukraine, la “condition d'ouverture de l'école” est que l’établissement possède un “abri anti-aérien”.

Voir le documentaire: “Ukraine, les orphelins de la guerre”


Certains jeunes “ont pris des armes. Il y a des jeunes hommes et des jeunes filles qui ont abandonné leur vie civile, qui se sont engagés au front. Et il y a des informaticiens, des acteurs, des écrivains, des enseignants. Et malheureusement, nous ne sommes pas certains que tous vont revenir”. Pour elle, certains des conflits à travers le monde peuvent être liés et insiste: “On ne peut pas permettre qu'une tragédie puisse supplanter une autre. Ces tragédies se tiennent côte à côte. Parce qu'on tue les gens dans le Proche-Orient, on n'a pas cessé de tuer les gens en Ukraine, et il faut s'en souvenir. Et une autre chose dont nous parlons à chaque fois, dès les premiers jours de cette agression contre l'Ukraine, nous disons que si l'agression n'est pas arrêtée, n'est pas stoppée, elle va continuer à se répandre. Et la situation dans le Proche-Orient est une preuve supplémentaire du fait que l'agression, qui n'a pas été stoppée, se répand comme une infection et qui peut faire éclater un foyer dans n'importe quel endroit du monde, là où il y a un point chaud. C'est notre avertissement pour rappeler qu'on ne peut pas laisser faire cette insécurité globale et c'est la violation des règles de vie dans le monde. Et il faut faire quelque chose, faire en sorte que cela ne puisse pas continuer.” 

En Ukraine, la rhétorique de Poutine pour justifier l'invasion


“Nous avons besoin de tenir dans cette guerre, c’est essentiel”


Quand on lui demande de quoi l’Ukraine aurait besoin, si Olena Zelenska, l’épouse du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, rappelle que “ce n’est pas son domaine” et qui lui est “difficile de répondre à la question”, elle explique que “les armes sont la première chose dont l’Ukraine a besoin”. “Nous avons besoin de tenir. Nous avons besoin de moyens pour cela. Notre armée a besoin d'armements pour continuer à se défendre et à tenir les positions où elle se trouve maintenant car l'ennemi est beaucoup plus fort, a beaucoup plus de moyens et il est difficile de mener cette guerre, et les armements sont très importants pour notre survie”. Dernier élément qu’elle tient à rappeler: “Ce qui est très important également, ce sur quoi nous insistons constamment, c'est le déminage. L'Ukraine aujourd'hui est le pays le plus pollué par les mines au monde. Les spécialistes ont calculé que si on commençait à déminer aujourd'hui, nous aurions besoin de dizaines d'années. Le déminage est vital pour les territoires désoccupés, frontaliers où les gens continuent à vivre. Il est impossible de cultiver la terre lorsque dans un champ, il y a des mines. Nous avons besoin de tenir dans cette guerre, c’est essentiel”. L’Ukraine est en guerre contre la Russie, dirigée par Vladimir Poutine, depuis février 2022. 

Comment les médias russes couvrent la guerre en Ukraine