Une vie : Juan Carlos
Juan Carlos, roi polémique
Soupçonné de corruption et sous le coup d’une enquête de la Cour suprême espagnole, l’ancien roi d’Espagne vient de s’exiler. Adulé pour avoir mené la transition de la dictature de Franco à la démocratie, il a quitté l’Espagne après le scandale de trop. C’est Juan Carlos Ier, ancien roi d’Espagne.
Qui est le nouveau roi d’Angleterre, Charles III ?
Juan Carlos naît en 1938, à Rome, où sa famille est exilée depuis la mise en place de la Seconde République espagnole en 1931. Il est né en tant que prince, fils du comte de Barcelone et héritier de la maison bourbon. Son père, le prince Juan de Bourbon, était un fervent partisan de la monarchie et s'opposa fermement à la dictature de Franco qui gouvernait le pays à l'époque. Enfant, il revient en Espagne avec l’arrivée au pouvoir du dictateur Francisco Franco en 1939. À 18 ans, le 29 mars 1956, il tue accidentellement son frère cadet Alfonso d’une balle de pistolet en plein front, alors qu’ils jouaient avec une arme offerte par Franco à leur père. Très touché par ce drame, le futur souverain pense un temps à se retirer dans un monastère.
La visite du roi Charles III en France est reportée
Deux jours après la mort de Franco, il est proclamé roi d’Espagne
À 24 ans, il se marie avec la princesse Sofia, fille du roi Paul Ier de Grèce. Ensemble ils auront trois enfants : Elena, Cristina et Felipe. À 37 ans, il est nommé capitaine général des forces armées, le grade le plus élevé de l’armée espagnole. Le 20 novembre 1975, deux jours après la mort de Franco, Juan Carlos est proclamé roi d’Espagne. Grand, sportif, moderne, il charme les Espagnols et devient le symbole de l’unité de l’Espagne. Le 15 juin 1977, sous son impulsion, les premières élections démocratiques depuis l’instauration de la dictature sont organisées.
Funérailles de la reine : qui était Elizabeth II ?
Lorsque Franco est décédé en 1975, Juan Carlos est devenu roi, mettant ainsi fin à une période de dictature en Espagne. Son règne a été marqué par des réformes politiques majeures, dont la promulgation d'une nouvelle constitution espagnole en 1978, établissant le pays comme une monarchie parlementaire. Cette constitution a permis à l'Espagne d'organiser des élections démocratiques et de mettre fin à des décennies de régime autoritaire.
En 1981, il doit faire face à une tentative de coup d’État
Le 23 février 1981, Juan Carlos doit faire face à une tentative de coup d’État provoquée par des nostalgiques de la dictature franquiste. Très réactif, il parvient, après une allocution télévisée, à conserver la fidélité des forces armées. En 2007, lors d’un sommet ibéro-américain, il se fait remarquer en intervenant pendant un échange tendu entre Hugo Chavez, le Président vénézuélien, et le chef du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero.
Les animaux d’Elizabeth II étaient à Windsor pour l’inhumation de la reine
En 2011, un scandale d’évasion fiscale implique l’époux de sa fille Cristina
En 2011, après un scandale d’évasion fiscale qui implique l’époux de sa fille Cristina, il décide d’écarter son gendre de la famille royale. L’année suivante, Juan Carlos se casse la hanche au cours d'un safari de luxe au Botswana, accompagné par sa maîtresse Corinna Larsen, pour chasser l'éléphant. Une révélation qui passe mal, alors que l’Espagne fait face à une crise économique et à un régime de sévère austérité. La même année, la presse people espagnole lui prête de supposés enfants illégitimes. En 2013, un sondage montre que 62 % des Espagnols se prononcent pour l’abdication de Juan Carlos.
L'accès à la file d'attente pour le cercueil de la reine suspendu
Sa maîtresse porte plainte contre lui et dévoile des mouvements illicites d’argent
Un an plus tard, après 39 ans de règne, Juan Carlos abdique en faveur de son fils, le prince Felipe. Le 3 août 2020, soupçonné de corruption et sous le coup d’une enquête de la Cour suprême espagnole, il annonce sa décision de s’exiler. C’est son ancienne maîtresse, Corinna Larsen, qui porte plainte contre lui et dévoile des mouvements illicites d’argent. La justice, en Suisse et en Espagne, enquête sur la provenance d’une centaine de millions de dollars qui auraient été versés par l’Arabie saoudite sur un compte en Suisse appartenant à Juan Carlos. La fin du règne de Juan Carlos a en effet été entachée par des scandales. Des allégations de corruption et de détournement de fonds ont émergé, notamment en lien avec des millions de dollars reçus de l'Arabie saoudite. De plus, sa relation avec sa maîtresse Corinna Larsen a fait les gros titres, suscitant des controverses au sein du pays.
Face à ces scandales et à une pression croissante de la part du gouvernement espagnol, Juan Carlos a choisi de se retirer de la vie publique en 2014 et de céder le trône à son fils Felipe VI. Il est parti en exil en France pour échapper aux poursuites judiciaires potentielles. Depuis lors, il est resté largement en retrait de la scène politique espagnole et mondiale. Le règne de Juan Carlos a été une période de transition cruciale pour l'Espagne, marquant le passage de la dictature à la démocratie. Toutefois, les scandales qui ont émergé plus tard ont terni sa réputation et suscité des questions sur la monarchie espagnole. L'avenir de cette institution dépendra en fin de compte des décisions prises par le gouvernement espagnol et du soutien du peuple espagnol à la monarchie.