C'est quoi la dysmorphophobie ?

BRUT MENTAL. Trouver son nez trop gros ou ses cuisses trop maigres… Quand on est obsédé par un détail de son apparence au point de se persuader que les autres ne voient que ça, on appelle ça de la dysmorphophobie. Ça concerne plus de gens qu'on ne pense alors on a demandé à une neuropsychologue d'ou ça vient et comment en guérir ?
Publié le
13/6/2023
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Comment savoir si on a de la dysmorphophobie ? 


La dysmorphophobie est un trouble mental psychiatrique qui entraîne des pensées excessives sur un défaut, dont la perception de la personne est totalement démesurée. “Ça vient du grec, qui dit “dysmorpho", ça veut dire la malformation, déformation, et "phobie”, la peur. Par exemple, tu vas avoir une obsession au niveau d'une apparence et être même convaincu que les autres se focalisent autant que soi dessus, mais ce n'est pas pour autant que ça existe véritablement”, explique Paola Scemama Ittah, neuropsychologue. 

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La dysmorphophobie est aussi appelée un trouble dysmorphique corporel. “C'est un trouble psychiatrique et non une maladie. D’ailleurs, dans ce qu'on appelle le DSM-5, ce qui est le manuel diagnostique où on va répertorier toutes les maladies mentales, eh bien, c'est classé, catégorisé comme étant un trouble, à la fois un trouble anxieux, mais aussi un trouble obsessionnel compulsif. On peut entendre plus de femmes que d'hommes se plaindre de dysmorphophobie, parce que les hommes ont plus de gêne à parler de leurs phobies, de leurs angoisses relatives à leur aspect corporel, mais, pour autant, les hommes comme les femmes sont autant touchés”. 

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Pourquoi on devient dysmorphophobique ? 


Actuellement, les facteurs sont un peu flous, mais on trouve une récurrence des facteurs biologiques, psychologiques et environnementaux. Au niveau biologique, la dysmorphophobie peut découler de facteurs héréditaires. “Quand il y a quelqu'un qui souffre de dysmorphophobie on peut le voir chez d'autres personnes de cette même famille. Et puis, au niveau cérébral, il va se passer plusieurs choses. D'abord, il va y avoir potentiellement des altérations de certaines zones cérébrales, donc celles qui s'occupent du visuel et donc de la perception de soi, mais aussi au niveau de la régulation de l'humeur, la façon dont on régule nos humeurs, comment on se sent et notre estime de nous et notre anxiété”. Enfin, le facteur psychologique va entériner des antécédents de traumatismes qui peuvent générer de la dysmorphophobie. Les moqueries subies en étant jeune ou à l’âge adulte font partie des éléments qui créent une pression sociale, avec des normes culturelles qui établissent la beauté et comment un individu doit être. 

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Comment aider une personne qui fait de la dysmorphophobie ? 


Il est possible de guérir de ce trouble mais le processus est long. “En général, on va proposer ce qu'on appelle de la thérapie cognitivo-comportementale, autrement appelée une TCC. Et ça va nous permettre d'identifier, de repérer les pensées négatives, qui vont finalement aller dans le sens de la compulsion, de l’obsession et de la diminution de la qualité de vie. On va aller les identifier pour pouvoir les modifier. Si on voit qu'on a travaillé sur ces pensées, qu'on a travaillé sur l'estime de soi, l'anxiété et que ce n'est pas suffisant, on peut évidemment ajouter un traitement médicamenteux”. 

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Le traitement comprend aussi des exercices entre chaque séance, qui permettent d’évoluer graduellement. “On va prendre quelqu'un qui a une vraie angoisse, une vraie anxiété par rapport à la texture de sa peau et qui va développer la trichotillomanie, donc le fait de triturer sa peau, d'enlever des poils, d'enlever des boutons qui seraient pas existants ou vraiment des petites imperfections selon eux, et qui vont faire grossir en fait cette chose-là. Donc, ce que je vais faire, c'est que je vais dire à la personne d'accepter au fur et à mesure de se regarder dans le miroir, en regardant d'abord le global, sans regarder chacune des petites imperfections qu'ils perçoivent comme telles. Puis ensuite, de ne pas toucher un seul bouton, puis deux boutons. Donc d'y aller vraiment graduellement. Et de prendre le temps pour ne pas que la personne soit trop brusquée et pour qu'elle puisse l'accepter petit à petit”

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