Strasbourg : un magasin de jouets non genrés

Marre des jouets roses pour les filles et bleus pour les garçons ? Dans le magasin de Joy à Strasbourg, les jouets ne sont pas stéréotypés, et ils sont classés par âge et non par sexe : "Un espace neutre où les enfants peuvent juste être des enfants."
Publié le
17
/
07
/
2024

Combattre les stéréotypes avec les jouets non genrés


Oubliez le rose pour les filles et le bleu pour les garçons ! De plus en plus de fabricants de jouets proposent des produits neutres pour ne pas influencer les enfants.


“J’avais envie, tout simplement, d’avoir un espace neutre où les enfants puissent être des enfants.” Joy Fleutot est commerçante à Strasbourg. En cours de marketing, elle a eu l’idée d’ouvrir une boutique de jouets non genrés. “On déroulait une liste de stéréotypes selon qu’on veut vendre à un homme ou à une femme. Par exemple, un stylo, si on veut le vendre à un homme, on vante son caractère robuste, efficace. Si on veut le vendre à une femme, on vante une prise en main facile, délicate. Je me suis rendu compte que chez les enfants, cette différenciation est très, très poussée” déplore-t-elle.


“Si on apprend avec des jouets qui véhiculent des stéréotypes, forcément, on les intériorise”


Dans son magasin, les jouets sont classés par âge, et non pas par sexe. Le rose et le bleu sont utilisés avec parcimonie. “On m’a demandé si j’allais quand même vendre des poupons. Bah oui, je vais en vendre ! Mais ils ne seront pas dans des boîtes roses, avec une petite fille qui s’occupe de son bébé dessus. Le but, c’est qu’un garçon puisse avoir envie de ce produit sans se dire : « Olala, c’est pour les filles. »” explique la commerçante. Elle propose, par exemple, une dinette vendue dans un emballage classique, sans référence au genre de l’enfant.


Joy Fleutot se fournit chez des fabricants d’Europe du Nord. Là-bas, l’éducation non genrée y est plus répandue. Astrid Leray, consultante et autrice des plusieurs études sur les stéréotypes de genre, analyse cette tendance : “Les jouets ne servent pas qu’à jouer, ils permettent d’apprendre. Si on apprend avec des jouets qui véhiculent des stéréotypes, forcément, on les intériorise, et on se construit avec ces stéréotypes. Par exemple, si on a beaucoup joué avec une Barbie, si on a cherché à être la plus belle et la plus douce, ce n’est pas ça qui va nous donner les outils pour être une femme charismatique. On a besoin que les enfants explorent le maximum de choses, non pas en fonction de leur sexe, mais de leur âge.”


Encourager des vocations professionnelles


En France, une charte pensée par le ministère de l'Économie pour promouvoir la mixité des jouets a été signée en 2019 par plusieurs fabricants. Le but : encourager des vocations professionnelles qui peuvent naître dès l’enfance. “Je trouve absurde de nous passer de génies contrariés par le seul poids des stéréotypes. Et ça commence dans les catalogues de jouets” estime Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Économie et des Finances.