Voici cinq choses à connaître sur cette tapisserie inscrite au registre Mémoire du Monde de l'Unesco.
Une œuvre d'art millénaire
En 1077, l'évêque Odon souhaite décorer la cathédrale de Bayeux (Calvados), tout juste sortie de terre.
Selon de nombreux historiens, il aurait alors commandé une tapisserie à des artisans, dont l'histoire n'a pas retenu le nom. Avec des fils de laine, ils y brodent les événements de la conquête de l'Angleterre par le duc de Normandie, Guillaume Le Conquérant, demi-frère de l'évêque d'Odon.
Longue de 70 mètres, large de 50 centimètres, la tapisserie pèse 350 kg selon l'Unesco.
Un témoignage unique
Constituée de neuf panneaux en lin reliés entre eux, la tapisserie représente quelque 626 personnages (et 202 chevaux) au cours de 58 scènes.
Elle retrace une véritable épopée, celle de Guillaume Le Conquérant depuis sa désignation comme successeur du trône en 1064 jusqu'à la débandade des troupes anglaises en octobre 1066.
Pour Antoine Verney, conservateur en chef du musée où se trouve ce "monument", la tapisserie est à comparer à celle de la Création conservé à Gérone (Italie) ou aux rouleaux japonais Ban dainagon ekotoba exposés à Tokyo.
Un textile fragile
En janvier, la ministre de la Culture Rachida Dati a affirmé que l'Etat prendrait en charge "l'intégralité des coûts de restauration de la tapisserie", soit quelque deux millions d'euros. Une restauration reportée sine die, a annoncé mardi le musée de Bayeux à l'AFP.
En 2020, des restauratrices-conservatrices spécialisées en textile avaient inspecté centimètre par centimètre l'oeuvre. Elles avaient relevé près de 24.200 taches et 10.000 trous.
Selon Antoine Verney, la toile est sensible aux "micro-vibrations, aux manipulations, au taux d'hygrométrie ainsi qu'à la lumière reçue qui ne doit pas dépasser 50 lux (une lumière très tamisée NDLR)".
Les dernières réparations datent de 1870.
Un musée rénové
L'une des difficultés pour conserver la tapisserie, explique M. Verney, "c'est de la faire passer d'un plan vertical à un plan horizontal". Depuis 1983, ce "récit brodé" est présenté "debout" dans un long couloir en U.
Un projet de rénovation du musée actuel est prévu, pour un coût total de 38 millions d'euros, dont sept millions financés par la Ville de Bayeux. Le musée a accueilli quelque 429.000 visiteurs en 2024.
Un prêt inédit
Le prêt aux Anglais de cette première transcription en images d'un épisode clé de l'histoire de l'Europe du Nord-Ouest, est une première.
Il avait été déjà deux fois envisagé, sans aboutir: en 1953 pour le couronnement de la reine Elisabeth II et en 1966 pour le 900e anniversaire de la bataille d'Hastings, à l'issue de laquelle Guillaume le Conquérant est devenu roi d'Angleterre.
La tapisserie avait cependant déjà quitté Bayeux pour être exposée au Louvre, à Paris, à deux reprises : en 1803-1804 sur décision de Napoléon Bonaparte et en 1944 pour rendre hommage aux troupes anglo-américaines ayant permis de libérer la France.