Nathacha Appanah remporte le prix Goncourt des lycéens, coup double après le Femina

Crédit : Gallimard
Nathacha Appanah a obtenu jeudi le prix Goncourt des lycéens, après avoir remporté début novembre le prix Femina, pour "La nuit au cœur" (Gallimard), qui raconte le destin de trois femmes prises dans la spirale des violences masculines, a annoncé le jury réuni à Rennes.
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Seule femme en lice dans la dernière sélection, l’autrice a notamment devancé le prix Goncourt Laurent Mauvignier et sa vaste fresque familiale "La maison vide" (Minuit).

Nathacha Appanah, qui n'était pas présente à Rennes et a été jointe par téléphone, a remercié le jury pour "le grand cadeau que vous m’avez fait, à moi, à Chahinez, à Emma, à la littérature".

Son roman "La nuit au cœur" lie le destin de trois femmes prises dans la spirale des violences masculines: l'autrice elle-même, sa cousine Emma et Chahinez Daoud, mère de trois jeunes enfants, brûlée vive par son mari qu'elle avait quitté en 2021. 

"Nous avons été bouleversés par ces trois histoires de femmes et profondément touchés par sa plume alliant complexité, justesse et poésie", a indiqué une lycéenne, porte-parole du jury, depuis l'Hôtel de ville de Rennes.

L'autrice s'est déjà vu décerner le prix Femina, dont le jury est entièrement féminin, pour son roman qui décrit les rouages de l'emprise de la part d'hommes jaloux, brutaux et manipulateurs. 

Le féminicide de Chahinez Daoud à Mérignac, en banlieue bordelaise, avait fait grand bruit et relancé le débat sur la prise en charge par la police et la justice des femmes victimes de violence conjugale. En France, une femme meurt tous les trois jours de la violence d'un conjoint ou ex.

La deuxième est Emma, une cousine de l'autrice, également mère de trois enfants, écrasée par son mari en 2000 à l'Ile Maurice.

La troisième est l'autrice elle-même, qui a fui, pieds nus, le compagnon violent et paranoïaque avec lequel elle vivait, jusqu'à 25 ans, à l'île Maurice.

Littérature contemporaine

Les autres concurrents en lice pour ce prix très prescripteur en termes de ventes étaient David Deneufgermain ("L'adieu au visage", Marchialy), David Thomas ("Un frère", L'Olivier) et Paul Gasnier ("La collision", Gallimard).

Laurent Mauvignier a reçu la plus prestigieuse des récompenses de la littérature en France, le prix Goncourt, pour sa vaste fresque familiale.

Les cinq finalistes de cette 38e édition ont été sélectionnés lundi par près de 2.000 lycéens, scolarisés dans l'ensemble des classes et des filières au sein de 57 établissements en France et à l'étranger.

Ils ont lu et étudié depuis la rentrée les ouvrages de la sélection 2025, quasiment identique à celle du prix Goncourt. 

Seul David Diop, lauréat en 2018, en a été retiré, le règlement du Goncourt des lycéens n'autorisant pas, comme son aîné, un auteur à remporter deux fois le prix.

Les lycéens ont également eu l'occasion le mois dernier de débattre avec les auteurs sélectionnés lors de rencontres dans plusieurs villes en France.

Le prix sera remis à la lauréate en début de soirée à l'Elysée en présence d'Emmanuel Macron et du jury, composé de treize lycéens délégués, désignés lors des délibérations régionales lundi.

Petit frère du Goncourt des adultes, le Goncourt des lycéens, créé dans la capitale bretonne en 1988 et organisé par la Fnac et le ministère de l'Education nationale, se déroule chaque année de septembre à novembre.

Il permet à des jeunes lecteurs de découvrir la littérature contemporaine et de promouvoir le goût de la lecture dans leurs établissements.

Le Goncourt des lycéens peut représenter certaines années plusieurs centaines de milliers d'exemplaires vendus.

En 2024, il avait été attribué à Sandrine Collette pour son livre "Madelaine avant l'Aube", publié chez JC Lattès.

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