"J'étais humiliée", au procès pour trafic sexuel de P. Diddy, la chanteuse Cassie raconte son calvaire

Crédit : Paras Griffin/Getty Images / @cassie- Instagram
Au tribunal de New York, Casandra "Cassie" Ventura révèle que P. Diddy la forçait à avoir des relations sexuelles avec des hommes prostitués pendant qu'il regardait et se masturbait. Si elle ne répondait pas à ses ordres, il envoyait sa garde rapprochée la chercher. Si elle ne se pliait pas à ses désirs, il la frappait.
À voir également sur Brut

La chanteuse américaine de R&B, témoin clé du procès pour trafic sexuel de son ex-compagnon, le revoit mardi pour la première fois depuis des années.

Elle raconte à la barre son calvaire, malgré une grossesse proche du terme, qui l'oblige à faire des pauses dans son édifiant récit.

Vêtue d'une longue robe marron à col roulée, d'un manteau couleur camel, et de bottines à talons, Cassie indique avoir rencontré P. Diddy, Sean Combs de son vrai nom, lorsqu'elle avait 19 ans.

Le rappeur et producteur lui fait signer un contrat avec son label, Bad Boy Records, pour dix albums - dont seulement un verra le jour.

Malgré une différence d'âge de 17 ans, Sean Combs l'embrasse le jour de ses 21 ans. La jeune femme fond en larmes et dit s'être "enfuie".

Un "pouvoir illimité" : témoignage de violences au procès de P. Diddy

Ils continuent malgré tout de se voir et finissent par avoir des relations sexuelles, raconte-t-elle au jury, sous les yeux de l'accusé âgé de 55 ans.

"Je voulais être avec Sean pour les mêmes raisons que tout le monde à l'époque", témoigne la chanteuse de 38 ans. "C'était juste un type passionnant, divertissant, amusant - qui avait aussi, vous savez, ma carrière entre ses mains."

Mais, alors qu'elle tombe amoureuse du rappeur, Cassie dit avoir été contrainte de participer aux "freak-offs": de longs marathons sexuels que P. Diddy dirigeait, et dont elle était la star mais aussi, assure-t-elle, l'objet.
"J'étais humiliée", dit-elle, la voix brisée par les larmes. "Je ne pouvais en parler à personne."

"J'avais l'impression de n'être bonne qu'à ça pour lui", ajoute-t-elle.

Sean Combs l'encourage à prendre des drogues avant d'avoir des relations sexuelles, souvent avec des hommes prostitués. Elle s'exécute: "Je planais donc je ne ressentais pas grand-chose", explique-t-elle au tribunal.

Lubrifiant


Interrogée par les procureurs pour savoir si elle avait déjà demandé à ce que ces marathons s'arrêtent, Cassie répond qu'elle a essayé, mais en vain.

"Sean est vraiment quelqu'un de clivant, mais véritablement charmant", explique-t-elle. "Il est difficile de décider à ce moment-là ce dont vous avez besoin quand il vous dit ce qu'il veut."

Les avocats de la défense entendent démontrer que Cassie était une adulte, librement impliquée dans ce qu'ils qualifient d'activité sexuelle non-conventionnelle, mais consentie.

Cassie dépeint au contraire des performances sexuelles dirigées par Sean Combs dans des pièces avec éclairages d'ambiance et où l'on trouve des huiles pour bébés et des lubrifiants.

Le rappeur insiste pour qu'elle y porte des tenues transparentes et des talons achetés dans des sex-shops pour ces "freak-offs", qui se déroulent à New York, Miami, Los Angeles, Las Vegas et Atlanta, ainsi qu'à Ibiza ou aux îles Turques-et-Caïques, un archipel britannique près des Bahamas. 

Elle explique que les drogues l'aidaient à encaisser l'"humiliation" de ces relations sexuelles.

Sa voix se met à trembler lorsqu'elle raconte les violences subies en 2016 dans un hôtel de Los Angeles, où Sean Combs s'est violemment acharnée sur elle.

Filmées par des caméras de surveillance, les images sans son de la scène dans les couloirs de l'hôtel avaient été révélées par CNN et ont été diffusées plusieurs fois aux jurés.

Elles ne sont qu'un exemple parmi d'autres des violences physiques que la chanteuse dit avoir subies en plus de dix ans de relation. 

A voir aussi