Dès l'annonce de sa culpabilité, l'homme de 53 ans s'est effondré en larmes à la barre.
"Katell ne s'est pas suicidée", a indiqué le président de la cour, Marc Trévidic, en lisant les motivations de la décision qui repousse catégoriquement une hypothèse avancée par la défense.
L'étudiante de 19 ans, "jeune femme pudique et réservée ne se serait jamais dénudée avant de se donner la mort," a continué le magistrat.
Le 11 mai 1995, Katell Berrehouc est retrouvée étranglée par un de ses leggings, à demi-dénudée sur le lit de ses parents dans la maison familiale d'Auvers-sur-Oise.
Cold case : une femme tuée il y a 30 ans, l'accusé du meurtre devant la justice
Retourné s'asseoir près de ses avocats, Cyril El Baz est resté lundi soir dans l'incompréhension du couperet qui venait de tomber.
"C'est injuste : j'ai rien fait et vous me condamnez", a pleuré le quinquagénaire à l'adresse du magistrat évoquant son incarcération à venir.
"Je comprends pas votre décision, je la comprends pas," a-t-il répété, le corps vouté, sa tête entre ses mains.
En mai 1995, c'est le jeune frère, alors âgé de 14 ans, qui avait fait la macabre découverte du corps de Katell dans la maison familiale, quelques heures suivant celle estimée du décès.
Trente ans plus tard, il a douloureusement témoigné au tribunal de son souvenir "de la prendre par le bras pour la réveiller et c'est là où je me rends compte..."
Tests ADN de centaines d'hommes
Cette morte suspecte avait été suivie d'un déploiement exceptionnel de moyens par les enquêteurs.
Empreintes digitales et ADN: tous les proches et potentiels premiers suspects sont soumis à des prélèvements.
Aucun profil ne coïncide avec le prélèvement génétique retrouvé sous un des ongles de Katell. Alors, les recherches s'élargissent, jusqu'à tester tous les hommes âgés de 25 à 30 ans habitant la petite commune du Val d'Oise. En vain.
L'enquête s'interrompt en 2005 avant d'être relancée en 2017, suivant une initiative nationale pour résoudre les "cold cases".
Le meurtrier était l’un d’eux : 23 ans plus tard, la police de Los Angeles identifie le coupable
Le parquet de Pontoise reprend les investigations en interrogeant le fichier national automatisé des empreintes génétiques.
L'échantillon prélevé sur la victime recoupe alors avec l'ADN de Cyril El Baz, condamné en 1994 à cinq ans de prison pour vols avec violences puis en 2011 à huit mois pour violences conjugales et agression sexuelle.
L'homme, qui au mitan des années 1990 était vendeur en porte-à-porte, notamment dans le Val-d'Oise, a toujours nié sa responsabilité dans le crime.
"Je compatis pour votre famille, je vous regarde droit dans les yeux (mais) ce n'est pas moi", a-t-il soutenu lors de son interrogatoire par la cour vendredi, en s'adressant aux parties civiles.
Dans leurs plaidoiries, les avocats de Cyril El Baz ont dénoncé "les carences" et "les béances" de l'instruction.
"On a voulu, à mon avis, là encore, beaucoup trop extrapoler les éléments d'ADN", a réagi Me Sylvain Cormier à l'issue du verdict.
"On essaie de créer un récit autour de cela qui me semble contestable et fragile", a-t-il ajouté, indiquant que son client allait faire appel de sa condamnation.