Meurtre d'Arthur, tué dans une rixe: l'accusé nie avoir donné les coups mortels

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Une rixe, un mort et un blessé : la cour d'assises juge depuis mardi matin José M.M., 26 ans, pour le meurtre d'Arthur, 19 ans, tué en 2021 à Sainte-Geneviève-des-Bois, en Essonne.
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L'accusé comparaît aussi pour tentative de meurtre sur Amine, un ami d'Arthur agressé lors de la rixe.

Vêtu d'un manteau noir, José M.M., qui comparaît détenu, a pris place seul dans le box des accusés.

En face, sur le banc des parties civiles, se sont assis Amine ainsi que la famille et des proches d'Arthur. A côté de la grande sœur du jeune homme décédé a été disposée une photo de son frère, cheveux courts et léger sourire aux lèvres.

Les faits remontent à la nuit du 15 au 16 juillet 2021. Arthur, alors âgé de 19 ans, et Amine, 18 ans, tous deux originaires de Saint-Michel-sur-Orge, se rendent dans la commune voisine de Sainte-Geneviève-des-Bois, au volant d'un scooter volé.

Une scène filmée

Dans le quartier populaire Saint-Hubert, dans cette ville située à une vingtaine de kilomètres au sud de Paris, ils sont pris à partie et passés à tabac par plusieurs personnes. 

Ses assaillants filment la scène et la partagent sur les réseaux sociaux en y ajoutant menaces et provocations.

Amine parvient à s'enfuir, mais Arthur est roué de coups de pied et de poing. Il est abandonné inconscient, à même le sol, le corps en partie dénudé. Transporté d'urgence à l'hôpital, il y décède deux jours plus tard.

L'une des vidéos permet d'identifier José M.M., un jeune homme d'alors 22 ans résidant à Sainte-Geneviève-des-Bois. Interpellé une dizaine de jours après les faits, il finit par reconnaître avoir participé à l'agression mais conteste avoir donné la mort à Arthur.

Les ADN d'Arthur et d'Amine ont été retrouvés sur des taches de sang sur son pantalon.

Dans ses premières déclarations à la cour, José M.M. a de nouveau nié avoir tué Arthur, mais a promis qu'il essaierait de "détailler au maximum ce qu'il s'est passé" lors du procès.

Jugé en situation de récidive, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

"Peur des représailles"

Le président de la cour d'assises a rappelé "les déclarations évolutives et discordantes" d'Amine sur les auteurs des violences, le fait que les investigations se sont heurtées au "silence" ou à la "peur des représailles" de nombreux témoins, et que beaucoup de renseignements anonymes ne sont pas étayés par des éléments objectifs.

Au cours de l'enquête, en juin 2023, près de deux ans après la mort d'Arthur, trois suspects avaient été mis en examen, un autre placé sous le statut de témoin assisté. A l'issue de l'instruction, ils avaient cependant bénéficié de non-lieux en l'absence de "charges suffisantes".

En trame de fond de ce dossier se trouve la rivalité entre Sainte-Geneviève-des-Bois et Saint-Michel-sur-Orge et des groupes de rap de chaque commune.

Peuplée de 1,3 million d'habitants, l'Essonne est régulièrement le théâtre d'affrontements inter-quartiers ou inter-communes entre bandes d'adolescents.

Selon le procureur de la République d'Evry, Grégoire Dulin, ces violences sont une problématique "quasi quotidienne" dans le département qui connaît en moyenne une centaine de faits avérés par an.

Ces rixes ont déjà fait deux morts depuis le début de l'année, un adolescent de 17 ans blessé mortellement d'un coup de couteau à Yerres en mars et un jeune de 18 ans tué devant la gare RER d'Evry-Courcouronnes en octobre.

Fin du procès prévue vendredi.

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