Tuer pour des bitcoins : perpétuité requise contre l'instigateur

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Une peine de réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté des deux tiers, a été requise jeudi à Vesoul à l'encontre de Mickaël Calabrese, instigateur de l'assassinat de Simon Arthuis, son amant, tué pour ses bitcoins.
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Une peine de 30 ans d'emprisonnement, assortie d'une période de sûreté de 15 ans, a en outre été requise à l'encontre de ses deux co-accusés, Benjamin Ardoin, 22 ans, et Dylan Hoguin, 26 ans, également poursuivis pour assassinat. Cinq ans de prison ont été requis contre le frère jumeau du principal accusé, Jonathan Calabrese, accusé de ne pas avoir dénoncé le crime.

"On ne sait pas, on ne saura jamais qui a porté les coups de couteau" à Simon Arthuis, 19 ans, dont le corps sans vie, lardé de 46 coups de couteau, a été découvert le 18 août 2021, immergé dans l'étang de Plancher-Bas en Haute-Saône, a regretté l'avocat général Stéphane Clément lors de son réquisitoire.

Les trois accusés d'assassinat ont reconnu qu'il était "prévu" de tuer l'étudiant en génie électronique pour lui voler ses bitcoins d'une valeur de 200.000 euros, mais tous rejettent la responsabilité d'avoir porté les coups de couteau. 

Mickaël Calabrese et Benjamin Ardoin s'accusent mutuellement d'avoir manié l'arme blanche. Dylan Hoguin, de son côté, assume l'étranglement. "Je l'ai étranglé pendant 20 ou 30 secondes", a-t-il affirmé à la cour. Sur la suite des évènements, il a plusieurs fois changé de version, soutenant d'abord ne pas se souvenir de l'auteur des coups, avant de désigner Benjamin Ardoin.  

La victime, originaire de Tours, avait finalement été jetée encore agonisante dans l'eau.

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"J'ai payé pour"

"Tous sont co-auteurs, peu importe le degré d’implication", a estimé l'avocat général. Ensemble ils ont discuté et programmé le projet criminel, réfléchi au mode opératoire, allant jusqu'à se répartir le butin à venir et ouvrir des comptes en ligne pour recueillir les fonds - finalement jamais détournés.

"Ils sont tous les trois présents lors de la strangulation de la victime, les coups de couteau et sa mise à l’eau. Ils agissent de concert dans un but commun : tuer Simon Arthuis", a souligné le magistrat.

"Ils se sont acharnés sur lui, ils l'ont drogué, poignardé, noyé" avec "une rage insatiable, en lui portant 46 coups de couteau", mais "aucun n'assume sa responsabilité quant à la mise à mort", regrette-t-il.

En revanche, "l'instigateur" est Mickaël Calabrese, qui était en couple avec la victime, a souligné l'avocat de la famille du jeune homme, Jacques Sieklucki. "Le projet meurtrier prend naissance dans son esprit".

Mickaël Calabrese, 36 ans, a reconnu mercredi avoir commandité le crime. "Je suis le commanditaire. J'ai voulu le faire tuer et j'ai payé pour le faire. Je ne pouvais pas le faire moi-même", avait-t-il répété devant les jurés.

Pour Me Sieklucki, Mickaël Calabrese est "le trait d’union entre deux mobiles : un mobile crapuleux, écœurant, l’appât de la cryptomonnaie, et un mobile punitif, on punit Simon parce qu’il veut mettre un terme à une relation de couple toxique".

"Mickaël Calabrese n’a pas supporté que Simon reprenne cette liberté là", assène-t-il, il a nourri "la volonté de le détruire, de le supprimer".

La préméditation est au cœur du procès. Lors d'une réunion de préparation, en mai 2021, un rôle est attribué à chacun, ainsi que le partage des gains: 20.000 euros par personne. Deux tentatives d'assassinat infructueuses s'étaient ensuite déroulées en juin 2021 puis le 16 août, où la victime avait été frappée au crâne avec un marteau.

Le verdict de la cour d'assises de Haute-Saône est attendu vendredi.

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