Procès Péchier : les médecins "comploteurs" visés par l'empoisonneur

Crédit : Franck HAKMOUN/SIPA SIPA_01229652_000029.
Deux patients de médecins "considérés comme des comploteurs" par l'anesthésiste Frédéric Péchier ont été la cible d'empoisonnements à l'automne 2016, a estimé mardi un enquêteur devant la cour d'assises du Doubs.
À voir également sur Brut

La cour, devant laquelle Frédéric Péchier comparaît pour 30 empoisonnements - dont 12 sont mortels - entre 2008 et 2017 dans deux cliniques privées de Besançon, a débuté mardi l'étude des deux derniers cas suspects imputés à l'anesthésiste.

Bertrand Collette, 56 ans, et Henri Quenillet, 73 ans, sont tous deux décédés, respectivement en octobre et novembre 2016, après des arrêts cardiaques suspects lors de leurs opérations à la clinique Saint-Vincent.

Plusieurs points communs ont été relevés par les policiers: les deux patients étaient les premiers de la journée opératoire ; les deux jours le docteur Péchier était arrivé bien avant ses collègues, dès 6h00 du matin, à la clinique ; il travaillait dans le bloc contigu à celui où étaient opérés ces patients et s'était présenté pour aider à leur réanimation.

Ambiance "complètement délétère"

Les enquêteurs soupçonnent le docteur Péchier d'avoir introduit, le matin même des interventions, du potassium dans les poches de perfusion utilisées pour les anesthésies afin de provoquer des arrêts cardiaques.

L'accusé de 53 ans conteste et a toujours clamé son innocence.

Le directeur d'enquête Olivier Verguet a décrit l'ambiance "complètement délétère" qui régnait en 2016 au sein du groupe d'anesthésistes de la clinique Saint-Vincent et souligné que le docteur Péchier était en conflit ouvert avec les anesthésistes de ces deux patients, Sylvain Serri et Loubna Assila, qu'il qualifiait de "décideurs comploteurs".

Le docteur Assila avait repris la gestion de la Société des anesthésistes, avec le Dr Serri comme co-gérant. Elle avait tenté de "mettre le docteur Péchier face à ses responsabilités" concernant le dysfonctionnement de celle-ci, relève le policier.

Frédéric Péchier s'était alors montré virulent. Très éprouvée par ses attaques, Loubna Assila avait quitté la direction du groupe 15 jours seulement après avoir été nommée. 

Enceinte, elle avait été placée en arrêt maladie six semaines. Le jour de son retour, son premier patient, Henri Quenillet, était décédé d'un arrêt cardiaque suspect.

Le docteur Sylvain Serri était en conflit avec le docteur Péchier depuis un repas avec leurs épouses.

Frédéric Péchier comparaît libre, mais encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu le 19 décembre.

A voir aussi