Le "cauchemar" d'un adolescent otage de trafiquants en procès en Belgique

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Renan, 13 ans, avait été kidnappé chez ses parents puis retenu en otage 42 jours, en Belgique en 2020. Huit hommes risquent la réclusion à perpétuité pour ce crime crapuleux dans le milieu des narcotrafiquants.
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Mardi, le parquet a estimé que tous les accusés -dont cinq présents et trois en fuite - devaient être reconnus coupables pour le rapt suivi d'une prise d'otage avec demande de rançon, et avec la circonstance aggravante que la victime était mineure.

Le procès, entamé il y a trois semaines aux assises de Tongres, en province du Limbourg (nord-est), est entré dans sa dernière ligne droite. Le verdict pourrait être rendu jeudi.

Les faits remontent au printemps 2020. Dans la nuit du 20 au 21 avril, quatre hommes armés et masqués surgissent au domicile des parents de Renan, à Genk (nord-est). La famille est connue de la justice, l'oncle de l'adolescent a la réputation d'être un "parrain" du milieu de la drogue. Arrêté en 2019, il a été condamné à 15 ans de prison pour trafic de cocaïne.

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Emmené de force sous les yeux de son frère

Cette nuit-là, les parents sont ligotés, plaqués au sol par les quatre assaillants, tandis que Renan est emmené de force sous les yeux de son petit frère. Il séjournera dans trois lieux différents du Limbourg. Confiné dans une pièce obscure, il se fait guider pour aller aux toilettes, un masque sur le visage.

Les ravisseurs, qui ont rapidement pris contact avec la famille, réclament une grosse rançon, et envoient de temps à autre des photos du garçon pour prouver qu'il est encore en vie. Jusqu'au jour de la libération, le 1er juin 2020.

L'enquête a déterminé que la famille avait dû verser environ 300.000 euros aux ravisseurs, en espèces, en or ou en bijoux.

Pour confondre les suspects, rapidement interpellés, les enquêteurs ont exploité les traces ADN sur les armes, les bornages de leurs téléphones mobiles ou encore les images des caméras installées sur les grands axes routiers.

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"Très frustrant"

"Les preuves sont accablantes", assure à l'AFP Me Philip Daeninck, qui défend Renan et sa famille.

Comme le ministère public, l'avocat se dit convaincu que les huit accusés sont les coupables, tout en regrettant leur mutisme à l'audience. "C'est très frustrant pour mes clients. Pourquoi ce cauchemar de 42 jours vécu par un garçon de 13 ans ? Aucun (suspect) ne s'est vraiment expliqué".

Renan, âgé aujourd'hui de 18 ans, a témoigné au procès le 30 avril. "Je veux dire que je ne pardonne à personne", a-t-il lancé.

Dans le box, parmi les cinq suspects présents, Khalid Bouloudo, 50 ans, est une figure connue de la mouvance jihadiste. 

Ce Belge d'origine marocaine a été condamné pour avoir dirigé il y a une dizaine d'années une filière de recrutement de combattants pour la Syrie, depuis sa ville de Maaseik, près de la frontière néerlandaise.

Khalid Bouloudo a d'abord écopé de 10 ans en 2018 comme "dirigeant d'un groupe terroriste", mais sa peine a été réduite en appel à trois ans avec sursis en 2019. Il était sous le coup de ce sursis quand il est soupçonné d'avoir recruté sept complices pour extorquer de l'argent à la famille de Renan. Ses avocats ont nié tout lien avec un projet terroriste.

Parmi les autres accusés, figurent Aziz Bouloudo, son grand frère de 56 ans, Omar Loukili, un Néerlandais de 29 ans, et les frères Laktit, des trafiquants anversois également d'origine marocaine.

Ces trois frères, dont deux sont jugés par défaut, doivent répondre au même procès de la séquestration avec torture d'un mécanicien automobile pendant cinq jours en février 2020.

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