L'ancien président d'extrême droite (2019-2022) a été déclaré coupable en septembre d'avoir été le chef d'une "organisation criminelle" ayant conspiré pour assurer son "maintien autoritaire au pouvoir" après la victoire de son rival de gauche, Luiz Inacio Lula da Silva, lors du scrutin d'octobre 2022.
Conduit samedi dans les locaux de la Police fédérale, M. Bolsonaro, 70 ans, était assigné à résidence et sous surveillance électronique depuis août dans le cadre d'une enquête sur des soupçons de tentative d'obstruction à son procès.
Dans sa décision consultée par l'AFP, le puissant juge Alexandre de Moraes, en charge du dossier, explique qu'il s'agit d'une détention provisoire et non de l'exécution de sa peine.
Selon le magistrat, l'ancien chef de l'Etat a tenté samedi de "casser" son bracelet électronique dans l'espoir de fuir à la faveur d'une manifestation prévue en fin de journée par ses partisans près de son domicile. Il évoque un "risque élevé de fuite".
La veillée de prière convoquée sur les réseaux sociaux par l'un de ses fils, le sénateur Flavio Bolsonaro, soulevait la "possibilité de tentative de fuite vers une des ambassades proches de sa résidence", estime le juge Moraes dans sa décision.
"Profondément affaibli"
L'ancien président, dont l'état de santé est délicat selon ses proches, a été conduit dans un complexe de la Police fédérale dans la capitale où les détenus sont soumis à des examens médicaux avant d'être envoyés en prison, a indiqué une source proche du dossier.
"Je fais confiance à la justice de Dieu. La justice humaine, comme nous l'avons vu, ne tient plus", a réagi sur Instagram son épouse Michelle Bolsonaro, une fidèle évangélique.
La Cour suprême a formellement rejeté la semaine dernière l'appel interjeté par l'ancien président de sa condamnation.
Mais sa défense a encore la possibilité d'appels supplémentaires jusqu'en début de semaine. Elle avait demandé vendredi qu'il reste en résidence surveillée plutôt que d'être envoyé en prison, en invoquant ses problèmes de santé.
Selon la requête adressée par ses avocats au tribunal, l'ex-chef de l'Etat se trouve dans un état de santé "profondément affaibli" et une incarcération "aura de graves conséquences et représente un risque pour sa vie".
L'ex-président souffre notamment des séquelles d'un coup de couteau reçu à l'abdomen en 2018, qui lui a valu plusieurs interventions chirurgicales. Il a été en outre diagnostiqué en septembre d'un cancer de la peau et est saisi fréquemment de violentes crises de hoquets, selon ses proches.
Détente avec Washington
Selon le parquet, le projet de coup d'État ourdi par le camp Bolsonaro a échoué faute de soutien de hauts responsables militaires.
Il prévoyait notamment l'assassinat de Lula, de son vice-président Geraldo Alckmin et du juge Moraes.
La haute juridiction a condamné mardi à plus de vingt ans de prison trois militaires et un policier, reconnus coupables d'avoir planifié ce triple assassinat dans le cadre d'une opération dénommée "Poignard vert et jaune" (les couleurs du Brésil).
L'affaire Bolsonaro a empoisonné les relations bilatérales avec les Etats-Unis du président Donald Trump, dont Jair Bolsonaro est un allié.
Washington a notamment infligé une surtaxe punitive de 40% sur une partie des produits brésiliens exportés vers les Etats-Unis, invoquant une "chasse aux sorcières" contre M. Bolsonaro.
Des sanctions individuelles ont également été prises, visant notamment le juge Moraes.
Mais les relations entre Washington et Brasilia ont donné récemment des signes de détente, symbolisée par la rencontre entre Lula et Donald Trump fin octobre en Malaisie.
Le gouvernement américain a annoncé jeudi qu'il allait lever les droits de douane élevés imposés sur un certain nombre de produits agricoles en provenance du Brésil.








