Avec cette arrestation, ce sont désormais trois Français qui sont détenus dans ce pays où la France déconseille fortement de se rendre en raison de "risques d'arrestations arbitraires".
"Une notification officielle concernant sa situation a été transmise à l'ambassade de France", a déclaré Abbas Araghchi dans un entretien au quotidien Le Monde.
Le ministre iranien ne précise pas la nature du délit commis par Lennart Monterlos, 18 ans. Pas plus que le ministère allemand des Affaires étrangères, interrogé par l'AFP, qui a simplement indiqué avoir "connaissance des faits".
"Le devoir des pays est de ne pas persécuter des innocents qui sont parfois inconscients des risques qu'ils courent", a réagi sur la chaîne LCI le Premier ministre français François Bayrou.
"Nous avons un devoir (...) de protection réciproque, surtout dans les temps si difficiles de tensions et de guerres" et "il faut le respecter", a-t-il ajouté, en appelant les voyageurs à "respecter les consignes" dont ce jeune cycliste "s'était moqué".
Appel à ne pas se rendre en Iran
Le ministère français des Affaires étrangères souligne pour sa part être "en contact avec les autorités iraniennes au sujet de la situation" du jeune homme.
"Nous sommes également en lien avec la famille", a-t-il ajouté, se refusant à faire d'autres commentaires "s'agissant d'une affaire qui met en jeu la sécurité" d'un Français.
"Nous réitérons notre appel à tous les ressortissants français à ne pas se rendre en Iran", poursuit le ministère.
Cette semaine, le Quai d'Orsay avait exhorté les Français à ne pas se rendre en Iran ou à quitter le territoire iranien, soulignant que l'Iran menait "une politique délibérée", "assumée de prise d'otages des Occidentaux".
Deux autres Français, Cécile Kohler et Jacques Paris, accusés notamment d'espionnage pour le compte d'Israël, sont détenus en Iran et encourent la peine de mort.
La professeure de lettres âgée aujourd'hui de 40 ans, et son compagnon, âgé de 72 ans, avaient été arrêtés le 7 mai 2022, au dernier jour d'un voyage touristique en Iran.
"Les démarches juridiques de leur dossier, en fonction du crime qu'ils ont commis, sont menées conformément aux lois en vigueur en Iran", a assuré Abbas Araghchi au Monde.
"Les contacts consulaires ont également été établis selon les règles et par les canaux diplomatiques avec ces deux personnes", a-t-il ajouté, soulignant que le 1er juillet, le chargé d'affaires de l'ambassade de la France avait pu leur rendre visite.
"Mesures de rétorsion"
Les autorités françaises ne cessent de dénoncer ces détentions qu'elles jugent arbitraires et accusent Téhéran de retenir ces personnes "en otage" dans des conditions "indignes assimilables à de la torture".
En outre, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a maintes fois déploré le manque de "visites consulaires", ce qui avait motivé le dépôt de plainte récemment de la France devant devant la Cour internationale de justice (CIJ).
L'arrestation de Lennart Monterlos complique encore davantage les relations entre Paris et Téhéran alors que la France s'efforçait de mettre une pression maximale pour faire libérer Cécile Kohler et Jacques Paris.
La semaine dernière, le président Emmanuel Macron avait lui-même menacé l'Iran de "mesures de rétorsion" s'il maintenait l'inculpation d'espionnage pour le compte d'Israël à l'encontre des deux Français.
Paris et les autres chancelleries européennes dont des ressortissants sont détenus en Iran accusent Téhéran de pratiquer la "diplomatie des otages", pour peser notamment dans les très sensibles discussions sur le nucléaire iranien, dans l'impasse depuis des années, et obtenir une levée des sanctions.
Les relations entre l'Iran et la France sont particulièrement tendues, alors que Téhéran reproche aux Occidentaux l'absence de condamnation des récentes frappes israéliennes et que Paris menace de rétablir le mécanisme de sanctions contre l'Iran dit "snapback" prévu dans l'accord de 2015 encadrant le programme nucléaire iranien.
"La menace de sanctions n'aide pas la diplomatie", avertit Abbas Araghchi, invitant les trois pays du groupe E3 Allemagne, France et Royaume-Uni, qui s'efforcent de reprendre langue avec Téhéran, à jouer un "rôle constructif" dans la reconstruction de l'accord. Il avertit que pour l'Iran le "mécanisme de +snapback+ (...) aurait le même effet qu'une attaque militaire".