Sophie Binet avait commenté, le 31 janvier sur RTL, des propos tenus quelques jours auparavant par le patron du groupe LVMH, Bernard Arnault. Le milliardaire avait estimé que le projet de surtaxe du gouvernement "poussait à la délocalisation".
Elle avait alors qualifié les grands patrons de "rats qui quittent le navire" et dont "le seul objectif est l'appât du gain".
Le mouvement patronal Ethic (Entreprises de taille humaine, indépendantes et de croissance) avait annoncé en février porter plainte contre elle, ce qui a entraîné la mise en examen, automatique, de Sophie Binet.
"Pas une injure", un "constat"
"Nous, secrétaires généraux, présidents, et responsables d'organisations syndicales, apprenons que Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, est inquiétée par la justice pour avoir usé d’un dicton imagé et bien ancré dans la sagesse populaire face à l'attitude de certains dirigeants économiques", ont écrit Marylise Léon (CFDT), Frédéric Souillot (FO), François Hommeril (CFE-CGC), Laurent Escure (Unsa), Murielle Guilbert et Julie Ferrua (Solidaires), ainsi que Caroline Chevé (FSU), dans une déclaration transmise à l'AFP.
Les dirigeants syndicaux refusent "que le débat social se tranche dans les prétoires".
"N'est-il pas violent de menacer de quitter le 'vaisseau France' après avoir accumulé des fortunes grâce aux aides publiques, aux infrastructures et au système éducatif de notre pays ?", s'interrogent-ils.
"Nous l’affirmons, 'les rats quittent le navire' n'est pas une injure, mais le constat amer d'un comportement irresponsable. Elle illustre une réalité : celle de la fuite des capitaux et des responsabilités face à l'effort collectif", selon les signataires.
"Si qualifier ainsi la déloyauté envers la nation est un délit, alors nous sommes toutes et tous coupables de clairvoyance (...) Nous faisons nôtre cette liberté de ton", conclut le texte.
Interrogé par l'AFP, le président de la CFTC Cyril Chabanier a relevé que Ethic "est une association" et que les signataires de la déclaration "lui donnent une importance qui n'a pas lieu d'être", selon lui. Mais "il n'y a pas souci dans ce qu'elle a dit", a-t-il ajouté à propos de Sophie Binet.








