Le Doliprane passe officiellement sous pavillon américain

Le Doliprane, médicament le plus prescrit en France, passe officiellement sous pavillon américain, avec la finalisation mercredi de la cession par Sanofi au fonds d'investissement CD&R du contrôle de l'entreprise qui produit la populaire boîte jaune. 
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"C'est officiel : Opella est à présent une entreprise indépendante" : le bouclage de cette opération, dont l'annonce en octobre avait suscité une levée de boucliers de responsables politiques et des syndicats, a été confirmé juste avant l'assemblée générale des actionnaires du géant pharmaceutique, mercredi après-midi à Paris.

Sanofi cède 50 % de sa filiale Opella, qui produit notamment le Doliprane, au fonds américain CD&R, tout en conservant une participation de 48,2 % dans cette entreprise commercialisant des traitements sans ordonnance et des vitamines, minéraux et compléments.

Face aux craintes sur d'éventuelles répercussions sur l'emploi et la souveraineté sanitaire française de ce passage sous pavillon américain, le gouvernement avait obtenu à l'automne l'entrée dans l'opération de la banque publique d'investissement Bpi. Celle-ci détiendra une participation de 1,8 %, souligne le communiqué de Sanofi.

L'annonce de la cession d'Opella avait suscité des réactions politiques de tous bords, de la gauche à des élus soutenant le gouvernement, demandant à l'exécutif de s'opposer à l'opération. 

Sur le terrain, les salariés de la filiale s'étaient mis en grève plusieurs jours.

Souhaitant des garanties sur le devenir des sites français d'Opella, sans pour autant effaroucher les investisseurs étrangers, le gouvernement avait vu dans cette participation de la banque publique un moyen d'obtenir un droit de regard sur les orientations stratégiques prises par le nouvel actionnaire étranger. 

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11.000 salariés

Selon un bilan de l'Assurance maladie en novembre, le Doliprane, produit à base de paracétamol, l'un des anti-douleurs les plus courants, reste de très loin le médicament le plus prescrit en France, avec 300 millions de boîtes, selon des données arrêtées à mi-2024. Aucun autre traitement ne dépasse le seuil des 100 millions.

Dans le cadre de cette transaction, Sanofi indique avoir "reçu un montant net total en numéraire de l'ordre de 10 milliards d'euros".

"Ce nouveau chapitre marque le début d'une aventure prometteuse" pour Opella qui "est prête à croître et à prospérer", a déclaré le directeur général de Sanofi, Paul Hudson, cité dans le communiqué.

En octobre 2024, Sanofi avait indiqué que sa volonté de céder le contrôle de sa filiale s'inscrivait dans sa stratégie de concentration sur les médicaments et vaccins innovants. Mais cette vente annoncée avait fait polémique dans un contexte de restructurations en cours de certaines activités de Sanofi.

Dans un communiqué distinct, Opella annonce l'arrivée à la présidence de son conseil de surveillance de David Taylor, ancien PDG de Procter & Gamble, aujourd'hui président du Conseil d'Administration de Delta Airlines et Senior Advisor pour les fonds CD&R. 

Opella compte des activités dans cent pays et gère 13 sites de production, employant 11.000 personnes. Son portefeuille de produits a été réduit et comptait environ 100 marques fin 2024. 

"Opella est prête à devenir un leader dans l’un des secteurs les plus dynamiques et résilients de la santé", souligne l'entreprise, dont le siège social reste en France.

"Devenir indépendant n'est pas seulement une étape. C'est notre moment", affirme dans ce communiqué la présidente-directrice générale d'Opella, Julie Van Ongevalle. 

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