Un adolescent devant le tribunal pour le meurtre de Matisse, 15 ans, à Châteauroux

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Le procès du suspect du meurtre de Matisse, 15 ans, poignardé en pleine rue à Châteauroux en avril 2024, s'ouvre lundi, à huis clos, devant le tribunal pour enfants de la ville.
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L'adolescent a succombé à ses blessures le 27 avril 2024, après plusieurs coups de couteau dont un ayant atteint directement le coeur, lors d'une rixe dans le quartier Saint-Denis de la ville. A l'origine des faits, "une battle de rap", selon le père de Matisse.

"Nous attendons que la justice soit ferme" et rende "une peine exemplaire", avait déclaré à l'AFP le père de l'adolescent, Christophe Marchais, fin avril, en amont d'une journée d'hommage à laquelle ont participé plusieurs centaines de personnes, dont les parents de Matisse.

"C'était une battle, classique, où ça se 'clashe'. Matisse s'est moqué, l'autre l'a mal pris. Ils se sont battus, Matisse a eu le dessus", a-t-il raconté. Le principal suspect serait alors "rentré chez lui, puis est revenu avec un couteau, et il l'a planté".

Un an après le meurtre de Matisse, 15 ans, un mineur jugé à partir de lundi

Une dizaine de membres de la famille de la victime, dont ses parents, sont arrivés en groupe au tribunal peu après 8h30, selon plusieurs journalistes de l'AFP sur place. Ils n'ont fait aucune déclaration à la presse.

L'audience, prévue pour commencer à 9h, se déroule à huis clos et sans accès presse. Une douzaine d'agents de police contrôlent l'accès au bâtiment, filtrant les entrées, selon les mêmes sources. Le procès doit se tenir jusqu'à mercredi.

Un "périmètre de tranquillité" a été mis en place pour éviter tout débordement et "garantir la sérénité des débats", avait indiqué le préfet de l'Indre Thibault Lanxade.

Instruction "très rapide"

"Les faits sont qualifiés de meurtre, punissables de 30 ans de réclusion", mais "compte tenu de l'excuse obligatoire de minorité" en raison de l'âge du suspect, moins de 16 ans au moment des faits, il encourt une peine maximale de 15 ans de prison, a indiqué à l'AFP David Marcat, le procureur de la République de Châteauroux, qui occupera la place du ministère public à l'audience.

L'instruction, qualifiée de "très rapide" par plusieurs observateurs, a notamment été accélérée par la détention provisoire d'un an déjà effectuée par le mineur, mais "sans prolongation possible" compte tenu de son âge, a précisé M. Marcat.

La mère du suspect, âgée de 37 ans au moment des faits, avait également été mise en examen et placée sous contrôle judiciaire. Cette dernière aurait "asséné des gifles à la victime", comme l'avait alors écrit le parquet de Bourges, qui s'était saisi du dossier.

"Tristesse"

Elle sera "prochainement jugée devant le tribunal correctionnel pour les faits qualifiés de violence sur personne vulnérable sans incapacité", a déclaré le procureur, sans pour l'heure communiquer la date du procès.

Après le drame, la nationalité afghane du suspect et de sa mère - en situation régulière en France -, avait conduit plusieurs figures de l'extrême droite à dénoncer la "politique migratoire" du gouvernement.

La douleur reste très vive dans la cité castelroussine à l'approche du procès et des images de l'adolescent et de loutres, clin d'oeil au surnom donné à Matisse par ses parents restaurateurs, décorent encore de nombreuses vitrines de commerçants.

Il y a un an, une marche blanche avait réuni quelque 8.000 personnes dans le centre, quand 2.000 personnes avaient participé à la cérémonie organisée au stade municipal, trois jours plus tard.

Plusieurs centaines de personnes s'étaient aussi mobilisées fin avril lors de la journée hommage consacrée à l'adolescent, où le maire Gil Avérous (DVD) avait décrit "l'immense tristesse de toute une ville".

"Aujourd'hui, parler aux jeunes est devenu notre idée, notre combat", a dit Christophe Marchais, quand la mère du jeune homme, Cécile Cacciatori, a dit "s'efforcer de transformer notre tristesse en immense bienveillance".

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