Violences à Bétharram : Bayrou interrogé en commission d'enquête à l'Assemblée nationale

Crédit : Antoine Gyori/ Corbis via Getty images
François Bayrou joue gros mercredi à l'Assemblée nationale où il sera interrogé par une commission d'enquête sur ce qu'il savait ou pas et sur son éventuelle responsabilité dans l'affaire des violences physiques et sexuelles au collège-lycée Bétharram, à propos de laquelle ses versions sont confuses voire contradictoires.
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"Ça va me permettre d'apporter un certain nombre d'éléments dans des campagnes (...) dont le seul but est la destruction. Pas la recherche de la vérité, mais la destruction", a grondé samedi à Brest le Premier ministre, avant de dénoncer auprès de l'AFP "des accusions répétées et scandaleuses" qui lui donneront "l’occasion de prouver que tout cela était faux".

Celui qui a déjà surmonté un budget en dépit de plusieurs motions de censure, mais plonge dans les sondages en raison notamment ce scandale qui lui colle à la peau depuis trois mois, viendra avec "tous les éléments" montrant qu'il "n'a pas menti", a promis dimanche le ministre des Relations avec le Parlement Patrick Mignola.

Un autre proche réfute l'idée d'un "déni" confondu selon lui "avec le fait de ne pas savoir" et rappelle que François Bayrou n'est pas l'objet de la commission d'enquête, sinon il s'agirait d'un "procès politique" selon lui.

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Dénégations

Celle-ci porte sur "les modalités du contrôle par l'État et de la prévention des violences dans les établissements scolaires", à commencer par cette institution catholique des Pyrénées-Atlantiques où le Premier ministre a scolarisé plusieurs de ses enfants, et où son épouse a enseigné le catéchisme.

Après avoir auditionné témoins, victimes et anciens ministres, les deux co-rapporteurs Violette Spillebout (Renaissance) et Paul Vannier (La France insoumise) prévoient de rendre leurs conclusions fin juin.

Le parquet de Pau mène l'enquête depuis un an sur environ 200 plaintes visant des faits présumés de violences, agressions sexuelles et viols dans l'établissement entre les années 1970 et 1990.

"Je n'ai jamais été informé de quoi que ce soit, de violences ou de violences a fortiori sexuelles. Jamais", martèle François Bayrou le 11 février quand il est interrogé pour la première fois par le député Vannier après des révélations du média en ligne Mediapart.

Il multiplie ensuite les dénégations, pourtant contredit par un ancien juge, un ex-gendarme et une professeure à la retraite, qui ont déjà répondu sous serment aux questions des députés, comme par sa fille aînée Hélène, qui a révélé avoir été elle-même violentée, dans certaines de ses déclarations.

Les divergences portent essentiellement sur sa connaissance des violences dénoncées aujourd'hui, son intervention présumée auprès du procureur général de Pau, et sa rencontre avec le juge Mirande.

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"Fragilité"

Depuis l'ouverture de l'enquête début 2024, François Bayrou a répété qu'une de ses filles lui avait parlé d'une "affaire de claques données par un surveillant", mais qu'il n'avait jamais été "averti" des violences physiques et sexuelles dénoncées actuellement.

"Les juges et les gendarmes, ça se trompe comme les autres", a-t-il dit le 11 avril, au lendemain de l'audition du juge et du gendarme relative à son intervention présumée quand ils enquêtaient en 1998 sur un viol impliquant un religieux de Bétharram, le père Carricart. François Bayrou a changé ensuite de version, évoquant une rencontre fortuite avec le magistrat.

Si sa popularité est en chute libre dans les sondages, peu dans son camp imaginent une censure contre lui sur cette affaire. Mais "s'il ment devant l'Assemblée, il est mort", prévient un cacique du camp présidentiel.

Les écologistes l'accusent de "parjure" et réclament sa démission.

Un élu socialiste pense qu'il est "cramé politiquement" car cette affaire est pour lui "un moment de fragilité permanent".

Le Premier ministre espère surtout que l'attention se portera davantage sur les victimes.

"C’est une affaire pour moi bouleversante qui m’a fait beaucoup de mal", a-t-il confié à l'AFP, mais qui, "en même temps, a fait sortir, dans de multiples établissements, des accusations qu’on ne peut pas éluder", "point de départ d’un +Me too+ d'une certaine manière d’intérêt public".

Les révélations sur Bétharram ont libéré la parole dans d'autres institutions, où le gouvernement entend désormais intensifier les contrôles.

Après une rencontre en février à Pau, François Bayrou a reçu le 30 avril à Matignon des victimes pour échanger sur des "propositions" destinées à lutter contre les violences sexuelles en milieu scolaire.

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