Beaucoup d'étudiants vont encore aux distributions alimentaires

On pense “qu'avec l'arrêt des confinements, tout s'est réglé, mais pas du tout". Brut a suivi Élise, étudiante, qui n’a pas le budget pour se nourrir.

62% des étudiants en France ont des difficultés pour se nourrir correctement


D’après la FAGE (Fédération des Associations Générales Etudiantes), 62% des étudiants ont des difficultés à se nourrir correctement en France. Nous avons suivi Élise, étudiante en dernière année d’école de commerce, qui se rend deux fois par semaine à une distribution alimentaire à Paris.


“Là, c'est même pas ouvert qu'il y a déjà une heure de queue.” À la recherche d'un emploi et d'un appartement, Élise est hébergée, pour le moment, chez une amie. “Je viens surtout pour avoir un peu de nourriture, parce que j'ai un budget d’environ une centaine d'euros (sur le mois) juste pour manger.”


“Je vais aux distributions alimentaires, c'est des produits variés, c'est bio en plus. Il y a des produits d'hygiène aussi, c'est intéressant parce que ça coûte plutôt cher, notamment par exemple quand j'ai mes règles, vu que j'ai plus de 26 ans, elles ne sont pas gratuites pour moi.”


“Comment étudier si on ne peut pas manger comme on veut ?”


La précarité étudiante, c’est un sujet assez peu mis en lumière d’après Élise, et pourtant central dans la vie de nombreux jeunes. “Combiner études et se nourrir, c'est assez complexe. C'est une petite chose dans sa tête qui est tout le temps là, en fait, et du coup, ça parasite” déclare l’étudiante.


“Les étudiants ne sont pas du tout mis en lumière et sont très peu aidés. On nous demande d'étudier, mais à côté de ça, étudier, comment, si on ne peut pas manger comme on veut ?”.


Dominique, responsable communication chez Linkee, une association qui lutte contre le gaspillage alimentaire en agissant pour la solidarité, explique : “Nous aujourd’hui on essaye d'être un filet de sécurité pour les étudiants. Mais ça ne suffit pas, clairement, parce que regarde tous les gens qui viennent ce soir. À chaque distribution, on a entre 300 et 500 étudiants.”


Entre 300 et 500 étudiants à chaque distribution


“Les gens ont tendance à penser qu'avec la reprise de l'activité économique, avec l'arrêt des confinements, tout s'est réglé, mais en fait pas du tout. Parce que les étudiants qui se sont retrouvés dans une situation précaire, ça fait un an et demi qu'ils galèrent. Et pour pallier ce trou financier, tu ne le règles pas en quelques mois.”


“Quand on est étudiant, on ne devrait pas avoir cette charge mentale liée à l'alimentation.” Si Élise, comme de nombreux autres étudiants, ne pouvaient pas être aidés par ce type d’associations, ils mangeraient “moins équilibré”, “pratiquement que des pâtes et du riz parce que c'est ce qu'il y a de moins cher” pour la jeune étudiante.


“En un an, rien n’a bougé. C’est-à-dire que la précarité est exactement la même”, c’est ce qu’expliquait Julien Meimon, président de l’association Linkee à la rentrée 2021. En 2019, Brut avait suivi Sophie, étudiante à Lyon 2, qui manifestait contre la précarité étudiante en France.


Avec la crise du coronavirus, de nombreux étudiants ont été touchés par la précarité. Et les distributions d’aide alimentaire et de produits de première nécessité se sont multipliées à Paris, Lyon, Orléans et dans les autres villes de France. Secours populaire, Restos du Coeur, Linkee, Crous de Paris et bien d’autres associations distribuent des repas gratuits ou colis alimentaires aux étudiants de l’université et aux plus démunis.


Avec la crise sanitaire et le développement des cours à distance, les étudiants n’ont pu plus se rendre sur leur campus pour assister aux cours en présentiel. Se rendre dans ces associations pour aller chercher des paniers de nourriture, cela a aussi été l’occasion pour ces étudiants d’échanger en face à face et de renouer avec le lien social.


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Brut.