Les secrets de Kirikou par son réalisateur Michel Ocelot

"Je ne suis pas sûr qu’aujourd’hui je pourrais faire Kirikou aussi librement" Nudité, appropriation culturelle… découvrez les réponses sans tabou de Michel Ocelot sur son film Kirikou. Michel Ocelot présentait au RedSea Film Festival son dernier film "Le Pharaon, le Sauvage et la Princesse".

“Si j'avais mis des soutiens-gorge, j'aurais fait un film obscène”


"L'histoire de Kirikou a commencé déjà avec mon enfance, parce que j'ai appris à lire et à écrire à Conakry, en Guinée.” Michel Ocelot est le réalisateur des films Kirikou. Cette histoire, elle lui est venue naturellement, suite à son enfance. “J'ai eu une très belle enfance en Guinée. Il était évident que je devais faire un film africain. Alors, j'ai lu beaucoup de contes africains. Comme tous les contes traditionnels, ils sont plutôt mauvais, et puis il y en a un, j'ai sauté au plafond: ‘Mère, enfante-moi.’ C'était tellement magnifique, tellement nouveau, jamais vu, et puis la mère qui ne panique pas. Et je me suis dit: mais sur ces personnages, je peux construire, c'est du solide”, se rappelle-t-il.
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“C'est pas de moi, c'est l'Afrique”


“J'aurais pas pu, en tant que Français catho, imaginer ça: commencer un film pour la famille avec un accouchement à l'écran, l'enfant qui sort entre les cuisses de sa maman et qui a un cordon ombilical, je pouvais pas faire comme s'il n'en avait pas. Et qui le coupe, et qui sait déjà que quand on sort de sa maman, on a besoin d'être lavé. Tout ça m'enchantait dans la pureté et l'audace. Et c'est l'Afrique, jusqu'au petit enfant qui vient de naître, tout petit, tout nu, qui va aider un oncle à combattre une sorcière, ce n'est pas de moi, c'est l'Afrique”, ajoute-il.
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Pour lui, la nudité était très importante à mettre à l’écran. “Tout le monde était torse nu, hommes et femmes, et le fait que tout le monde était torse nu, on était au courant de la vieillesse. Et moi, petit, je savais qu'on vieillissait et une de mes collaboratrices, quand elle a vu toute la collection des femmes que j'avais dessinées pour le village de Kirikou, quand elle a vu les vieilles, elle m'a dit : ‘Mais tu as raison de montrer ça. Moi, aux Beaux-Arts, pour mon premier cours de nu, j'ai vu une femme avec les seins tombants, j'étais horrifiée, personne ne m'avait prévenue.’”
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“Il n'a pas pu passer parce que les déesses égyptiennes, on voyait leurs seins”


C’est pour cette raison qu’il n’a pas voulu habiller ses personnages. “Au début, les gens auraient bien aimé qu'on mette discrètement une petite culotte (sur Kirikou). Et pour les soutiens-gorge, on me l'a demandé, ou ordonné, quasiment tous les jours pendant pas mal de temps, mais si j'avais mis des soutiens-gorge, j'aurais eu l'impression de faire un film obscène et pas un film pur. Il n'était pas question de cacher des seins, les femmes ont des seins, c'est très bien! C'était vraiment un message conscient que je voulais transmettre.”
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Quelque chose qu’il ne peut plus faire aujourd’hui, notamment pour la bande-annonce de son dernier film, Le Pharaon, le Sauvage et la Princesse, sorti le 19 octobre dernier. “Il n'a pas pu passer parce que les déesses égyptiennes, on voyait leurs seins. Il a fallu refaire la bande-annonce pour pouvoir la passer en France, parce que bon, tous les systèmes dont nous nous servons, probablement en ce moment, sont américains et ils imposent leurs lois. Et il y a un système, dès qu'il y a un sein, on arrête tout”, dénonce-t-il.
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Brut.