Rencontre avec l’actrice iranienne Zar Amir Ebrahimi

Après la diffusion d'une vidéo intime avec son petit ami de l'époque et des mois d'interrogatoires, l'actrice iranienne Zar Amir Ebrahimi, prix d’interprétation à Cannes, a dû fuir son pays et a trouvé refuge en France en 2008. Voici comment elle l'a vécu.

“Je suis très optimiste pour l’Iran, c'est une révolution, il n’y aura pas de marche arrière”

Il y avait deux options : soit je me suicidais, soit je restais et ça allait devenir le plus grand film de ma vie”. Zar Amir Ebrahimi est actuellement à l'affiche du film 'Les Survivants' de Guillaume Renusson. Originaire d’Iran, elle a fui son pays il y a 15 ans après la diffusion sur internet d’une vidéo intime avec son petit ami de l’époque. Depuis 2008, elle est réfugiée politique en France. “Les premières nuits, je ne savais vraiment pas comment j’allais m'en sortir. Pour le gouvernement iranien, j’étais une actrice télé qui devait représenter leur pensée et qui a fait des bêtises. Donc il fallait que je sois punie pour donner l’exemple.

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Cela a été 6 mois d’interrogatoires tous les jours, ils ne pouvaient pas m’arrêter ni me mettre en prison parce que j’étais assez connue. J’avais en même temps une vraie pression pour rester à la maison, m'isoler, me couper de tous mes contacts. J’essayais quand même de faire des choses derrière la caméra. Mais ils arrivaient et m’arrêtaient. Je voulais juste partir. J'avais besoin d’un visa pour partir, respirer et réfléchir, décider ce que j’allais faire pour le reste de ma vie” explique Zar Amir Ebrahimi.

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“Ce film m'a permis de faire le deuil de mon pays comme immigrée”

Dans le film 'Les Survivants', elle incarne une réfugiée afghane. Elle-même est réfugiée. Ce film a une place particulière dans sa carrière. “Je pense qu’en faisant “Les Survivants”, j'ai aussi un peu fait mon deuil. J’ai quitté mon pays il y a 15 ans. Depuis, ma vie était tellement chargée que je n'ai jamais autant pu réfléchir. Ce film m'a permis de faire le deuil de mon pays comme immigrée, pour tout ce que j’ai laissé derrière” confie l’actrice.

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Sur les manifestations qui secouent le pays depuis la mort de la jeune Mahsa Amini, pour “port de voile non approprié” le 16 septembre 2022, Zar Amir Ebrahimi indique : “Je suis très optimiste pour l’Iran. Pour moi, voir les hommes et les femmes, tous côte à côte, se battre pour la liberté, pour les droits basiques de chacun, c'est une révolution et je pense que nous n’avons jamais atteint ce point-là, je pense qu'il n’y aura pas de marche en arrière, on a tourné une page”.

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Le film 'Les Survivants' réalisé par Guillaume Renusson dans lequel Zar Amir Ebrahimi donne la réplique à Denis Ménochet et Victoire Du Bois. Ce film raconte l'histoire de Samuel qui part s'isoler dans la montagne. Il rejoint un chalet situé dans les Alpes italiennes. Une nuit, une femme trouve refuge chez lui, à cause de la neige qui bloque les routes. Cette jeune femme est afghane. Elle avait pour objectif de traverser les Alpes pour rejoindre la France. Samuel choisit d'aider la jeune femme. C'est l'actrice iranienne Zar Amir Ebrahimi qui joue le rôle de la jeune femme réfugiée.


Depuis la mort de Mahsa Amini, la République islamique d’Iran est secouée par des vagues de manifestations et de mouvements de contestation. Dans les rues, des femmes enlèvent leur hijab, le voile obligatoire dans le pays. Selon l’ONG Iran Human Rights, le bilan des manifestations était de 76 morts le 26 septembre 2022. 

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Zar Amir Ebrahimi a reçu le prix d’interprétation lors du festival international du cinéma à Cannes en 2022 pour ‘Les Nuits de Mashad’. En 2006, un ami diffuse en Iran, pays où elle habite à l’époque, une sextape intime qu’elle avait réalisé avec son petit-ami de l’époque. La jeune femme est déjà une actrice connue en Iran. Elle joue dans des films validés par l’Etat. La diffusion de cette sextape met en péril sa vie. Condamnée à la prison, elle est interdite d’exercer son métier. Afin de protéger ses proches et ne pas mourir, elle décide de quitter l’Iran. Elle s’exile en 2008 et arrive en France grâce à un visa délivré par l’ambassade de France. Elle a enchaîné les petits boulots pour gagner sa vie et apprendre le français, ne parlant que farsi en arrivant sur le territoire français. Elle devient productrice pour BBC World. 

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Golshifteh Farahani est également une actrice iranienne exilée en France. Elle est devenue star en Iran à 14 ans. Elle a aussi été la première actrice d’Iran à être castée dans un film d’Hollywood. En 2008, elle joue dans le film de Ridley Scott, ‘Mensonges d'Etat’. Dans ce film, la comédienne joue sans son hijab, le voile islamique obligatoire en Iran. Elle a ensuite été contrainte à l’exil. 

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